Il était une fois... sur l’île de l’Océan aux étoiles, une communauté dont les êtres partageaient le goût de l’ordinaire, des jeux sur la plage... à la pêche, des repas... aux moissons, des danses... à la contemplation, des rires... aux larmes, des rêves... à l’Amour...
Bien que l’île demeurait accessible à qui le voulait, rien de bien troublant ne venait s’y attarder cependant, en contrarier l’Harmonie, le trouble-même étant considéré comme un moyen privilégié de faire grandir la communauté, bien qu’elle n’en eu réellement "besoin".
Parmi ses habitants se trouvaient deux êtres qui avaient toujours vécus ensemble et ne s’étaient jamais séparés : Elea et Manil.
Depuis toujours ils partageaient tout et ne conservaient aucun secret l’un pour l’autre, fut-il tû par les mots !
Tout se passait donc comme si cela ne pouvait s’interrompre, se dissoudre ou consumer.
Se coulaient des jours heureux et seul cela importait.
Un jour vînt, cependant, ou Elea fut appelée pour La Terre sans étoile, ne pouvant y renoncer ou contrevenir dans son cœur, même si son corps et sa tête ne parvenaient à le concevoir !
Car, alors, elle savait qu’elle allait devoir faire une chose qu’elle n’avait jamais entrevue : faire ses premiers pas loin de Manil.
La déchirure fut effroyable mais l’oubli vint à sa rescousse par le revêtement d’un corps auquel il lui allait falloir s’abandonner complètement et... perdre toute mémoire.
Manil n’y pouvant plus, effrayé à l’idée de savoir Elea dans de telles contrées, décida d’aller la rejoindre sous un corps plus mâture, pour qu’ainsi il la précède dans l’âge et l’expérience, pour la guider.
Ce qui se passa, sans que lui, aussi, puisse emporter toute mémoire !
Ainsi la vie passa dans ce monde de temps, rien, aucun signe, aucune probabilité ou certitude ne laissant augurer de quelconques retrouvailles avec Elea !
Tout se traversait en "mémoire perdue", jusqu’à la Voix qui avait affirmé : "pas d’inquiétude, vous vous retrouverez le moment venu !".
Un soir de jour heureux, cependant, Elea se jeta aux yeux de Manil, s’immergeant intégralement dans les abysses de son cœur comme pour en, ultimement, raviver la mémoire.
Manil le ressentit et la reconnue de suite, brusquement bouleversé par ce qu’il ressentait alors mais ne parvenait à expliquer ou contrôler.
C’était passé par une voie et un moment des plus inattendus, un canal qui ne pouvait se toucher avec les mains mais intégralement se saisir avec le cœur, vivre dans l’âme.
Manil ne la "voyait" donc pas, mais ne sentait plus qu’elle, eux, la boule de Lumière que représentait toujours leur Histoire.
Instantanément, deux colombes se relayèrent pour rejoindre Elea, mêlant le flot ininterrompu des larmes de Manil à l’eau du calice de leurs deux cœurs réunis !
Depuis cet instant... d’éternité, Manil ne fait plus que contempler le paysage et ses deux colombes.
Il sait qu’Elea ne sait pas encore de ce savoir qui emplit la conscience diurne mais... sait également que, depuis, à mi-chemin entre nuit et jour, lune et soleil, un autre cœur s’est mis à battre, un dont les chuchotements sont désormais perceptibles, leur mariage subtilement célébré.
Agenouillé devant la source, il attend, palpe délicatement des lèvres l’eau qui lui vient à la bouche, sans rien hâter ou diluer de ses mains.
Cœur et corps apaisés, l’éternité peut, à présent, reprendre son cours, la vie son envol.
Paskal