Un aigle et un étourneau, quel étrange mariage...
Pourquoi le roi des airs s’associe-t-il avec un volatile de basse extraction ? Nul ne le sait, pas même eux...
L’étourneau est admiratif devant l’éclat de ce phénix et nombreux sont ceux qui l’envient de partager ses jours avec un si bel oiseau. Il est fier que sa modeste condition ait pu lui ouvrir le cœur de ce noble animal.
Quand l’aigle prend son essor, l’étourneau essaie de le suivre dans son ascension. Hélas, il n’a pas la constitution ni même le courage de voler si haut. Il n’a pas les moyens de ses ambitions et rapidement il doit déclarer forfait. Il contemple donc les magnifiques figures aériennes qu’exécute ce grand oiseau et l’envie d’une telle facilité.
Quelquefois, en plein milieu de ses extraordinaires évolutions, le grand aigle, las, se rappelle combien sa vie est morne avec ce petit volatile qui le mime sans pour autant l’égaler. Il replie alors ses ailes et amorce un piqué. L’étourneau s’affole et vient à ses cotés voir ce qui provoque sa chute si rapide. Il essaie de lui montrer à quel point il est grand, admirable et persuade l’aigle de rouvrir ses ailes...
Plusieurs fois déjà, l’étourneau réussit à rendre confiance à son partenaire sur l’avenir. Mais c’était de plus en plus difficile pour lui de trouver les bons arguments. L’aigle répondait que lui seul percevait sa grâce, que ses sentiments amoureux obscurcissaient son jugement et lui faisaient dire ces choses si merveilleuses à entendre, mais il l’écoutait avec bienveillance.
Mais le phénix descendait de plus en plus bas à chaque fois.
Pourtant, ce jour là, il ne trouvait pas d’arguments pour le convaincre et l’aigle continua à piquer vers le sol qui se rapprochait dangereusement.
L’étourneau est désemparé et ne sais plus que faire : L’aigle n’entend plus ses paroles ou du moins ne veux plus y croire... Il désire briser ses ailes et renoncer à ses ballets aériens.
Le sansonnet persévère, crée un nid douillet et y invite d’autres volatiles de tous bords à admirer les prouesses de son élu.
L’aigle désorienté, devant l’admiration de ses congénères, commence à penser qu’il peut y avoir une beauté et un talent dans sa façon de voler.
Et plus le temps passe et plus les compliments affluent... Un, deux, cinq témoignages gratifiants et l’aigle se lance dans une chorégraphie plus osée.
« Encore, encore » lui crie l’étourneau, les yeux pleins de joie.
Et le grand oiseau de donner le meilleur de lui-même, de dépasser les limites qu’il n’aurait jamais osé franchir avant.
Moment de bonheur absolu pour ces deux créatures.
Hélas le quotidien revient trop vite à la surface et l’euphorie s’estompe...
L’étourneau continuera à soutenir l’aigle dans les moments difficiles pour que le bonheur toujours illumine leurs yeux. Et cela malgré vents et orages, qu’importe l’énergie qui lui faudra déployer.
Il l’aime et c’est à jamais.