Sa silhouette se découpe en ombre chinoise dans la douceur du ciel aux teintes orangées, un peu de vent caresse son visage mais il ne le sent plus. Son âme se perd alors dans les méandres sombres de sa pensée. Son esprit l’a quitté, peu à peu sans faire de bruit comme l’on abandonne un navire happé par les abîmes d’une mer en furie. Son cœur n’est plus que cette blessure béante offerte à la colère du temps.
Il ferme les yeux. Les souvenirs l’assaillent comme des loups féroces et affamés. Rêves de gloire et de victoires, un cheval blanc l’emporte vers les plus hauts sommets, puis un manteau d’hermine constellé d’abeilles recouvre ses épaules. Les hommes le craignent et le saluent, ceux-là même qui hier se moquaient de lui, tremblent aujourd’hui à l’évocation seule de son nom redouté.
Mais une plaine rouge vient hanter sa mémoire sous un ciel noir comme la douleur. Une longue plaine où des chevaux éventrés et des hommes portant ses couleurs jonchent le sol comme fleurs sanglantes disséminées sous la brume naissante. La mort plane, recouvrant de ses ailes gigantesques l’immensité bruyante et désordonnée de sa défaite. Il s’est offert à elle mais elle ne l’a pas voulu.
Dans le soir finissant, au seuil de sa vie, son châtiment porte un nom qui claque dans le vent comme un étendard déchiré…Waterloo…Waterloo