Je n’irai plus jamais chez Hélène Castro. D’ailleurs, si on me le demandait, je jurerais n’être aucunement entré dans sa grande maison étincelante sur les hauteurs de la ville, pas plus, mais là je dirais la vérité, la plus vraie vérité, que je ne me suis déshabillé pour plonger dans sa piscine hallucinante perchée entre ciel et terre, où le baigneur sent immanquablement se mixer tous les éléments en même temps, le feu y compris. Non, n’insistez pas ! Je vous le dit, je n’y suis pas allé. Non ! J’aurais pu en avoir envie. Mais je ne l’ai pas fait. Ca ne s’est pas trouvé comme ça, c’est tout !
Héléne, pour moi, c’était une erreur. En fait, plutôt une errance.
J’étais loin de chez moi, déraciné, un peu perdu. Alors quand cette grande et belle femme a décidé de me prendre sous sa coupe et de me présenter à ses amis, il n’y avait que peu de raisons valables de refuser. Peut-être le jet-lag ? Peut-être que je ne la connaissais que de l’après-midi et que j’aurais pu me sentir comme un auto-stoppeur qui, une fois la route faite, doit prendre son balluchon et poursuivre sa propre route sans chercher à s’immiscer ? Peut-être qu’elle ne plaisait pas, malgré tout ? Et, surtout, j’avais chez moi une femme à aimer qui m’aimait en retour.
Nous avons retrouvé une bande happy fews, beaux, bronzés, riches dans un restaurant au décor magnifique et à la bouffe affreuse et, avant même la fin du repas, j’étais, sans avoir vraiment prononcé un mot, la coqueluche de la bande. Vins et alcools coulaient, les gens parlaient, se levaient, s’embrassaient, se serraient sur le cœur, se caressaient le cul, aimablement, les filles montraient leur nichons sous des toiles bien trop légères et les hommes cachaient mal leur virilité dans des pantalons trop serrés en cuir trop souple. Je buvais, écoutais, me levait pour embrasser et serrer sur mon cœur des tonnes d’inconnus. On caressa mes fesses des douzaines de fois et, pris par l’ambiance, tenu par la fatigue, je laissais la langue d’Hélène s’introduire dans ma bouche, une première fois, et quelques autres encore.
Après, nous sommes rentrés chez elle en taxi. Dans son rétroviseur, le chauffeur me regardait fixement puis, rapidement, je vis un sourire apparaître, sourire qui le tint tout le trajet. En croisant son regard, je savais bien qu’il se foutait de ma gueule sans bien comprendre pourquoi. Mais cela me mit de pas trop bonne humeur et je décidais de prendre les choses en main avec Hélène, ne serait-ce que pour récupérer ma vie et me détendre un peu.
Dans l’entrée cathédrale, je lui intimais l’ordre de se déssaper. Vite ! Et puis, une fois nue, de se masturber devant moi.
Je me suis installé dans le Chesterfield blanc et elle s’est effeuillée, lentement, en tournoyant sur une musique imaginaire qui devait être du Barry White ou Sexual Healing de Marvin Gaye.
Elle a ôté son chemisier de soie, son soutien-gorge, sa jupe, ses hauts talons et ses bas.
Par dessus la culotte, elle a commencé à caresser son entrejambe, langoureusement, pour s’affaler, enfin entièrement à poil dans le canapé face à moi.
Sa main droite à agrippé son pénis et s’est agitée fébrilement en vastes vas-et-viens.
Ca ne m’a pas du tout excité et, juste après qu’il ait joui petitement, je me suis levé, l’ai embrassé sur le front en le remerciant pour l’excellent dîner. Je suis parti, à pied.
Bien sûr que c’était un homme. Enfin, encore un peu un homme. D’une vingtaine de centimètres, je crois, mais je n’ai pas bien regardé.
Je ne lui en voulais pas. Peut-être que j’aurais dû, moi aussi, comme le monde entier, connaître Hélène Castro, le plus fashion de tous les travestis du monde de l’univers.