Lui là-bas. Maintenant je sais.
Sa démarche, ses vêtements noirs, cet allant dégingandé, ce cheveu noir, ces lunettes noires, ma main à couper que ce sont des Ray-Ban, lui, il vient vers moi, sous les Ray-Ban les beaux yeux, sous le temps qui a passé, un inconnu, pas tout-à-fait, je vous expliquerai, lui, l’homme qui est plus celui de ma vie qu’aucun autre, je le connais, je ne le connais pas.
Mardi 17 juillet. Il fait deux mille degrès.
A vingt centimètres de moi. Il ne porte plus les lunettes. J’ai chaud, j’ai froid, j’ai chaud, j’ai froid. Pourvu que je tienne.
Il ne dit pas bonjour, ne sourit pas, il a un air pas emprunté, un truc sincère, ça me visse au muret, aducteurs moites, est-ce de la transpiration, lui, c’est un volcan, il explose, il explose pas, c’est rude, je dis.
Je t’avais posé la question, est-ce que c’est souhaitable, tu as dit oui. Il parle. Je comprends que jamais je ne regretterai.
Il est en moi, ça fait des années, animant ma plume, bouffant mes sens. Partout. Il est devant moi, multiple, multitude, myriade. Ici. Ailleurs. Rien ne change.
Il est seize heures quarante huit, il propose d’aller boire un verre au café de la plage, je le suivrai au bout du monde, le monde il vient de le traverser, calanques, galets gris et mer mère, nous voici, je vous le présente, notre histoire commence,
il n’est jamais trop tard.