A l’orée de la lumière, le majestueux navire attendait. Sa grand’voile blanche gonflée par le chant des étoiles s’étirait en silence.
C’est ce que venait de voir Golhok, le grand guerrier du peuple des ténèbres.
Cette partie de la terre maudite, nul autre que lui ne l’avait jamais explorée auparavant.
Intrigué par la superbe caravelle, il s’était tapi sous un rocher gris aux odeurs de pierre à feu. Il aurait aimé bondir armé de sa hache en silex et hurler un cri effrayant, mais l’étonnement, la curiosité, l’avait figé ainsi, les deux yeux brillants dans la pénombre. Sa bouche était grande ouverte mais aucun son ne pouvait en sortir.
Alors dans le mutisme absolu, il n’entendait que sa respiration et le battement de son cœur.
Les créatures immaculées s’engageaient doucement sur la passerelle d’embarquement, les unes derrière les autres, semblant flotter dans l’éther translucide.
Lorsque les êtres ailés chargèrent vivres et boissons, il ne put s’empêcher d’émettre un grognement. Il pencha la tête sur le côté une ou deux fois comme un animal surpris puis sous l’emprise d’une colère farouche, aussi subite qu’effrayante, il se dressa en vociférant des clameurs épouvantables.
Mais il était trop tard. Poussé par le souffle d’une lune dorée, l’élégant navire s’élevait dans les nuées abandonnant dans son sillage une traîne d’étoiles argentées.
Les anges venaient de quitter définitivement la Terre.