Je l’ai vu pour la première fois un soir d’été. Elle était agenouillée à même le sol et son profil paisible était éclairé par la douce lueur d’un feu de bois. Elle avait les yeux fermés.
Alors la longue plainte est montée de sa gorge comme les braises rougeoyantes vers les étoiles.
Doucement elle a ouvert les paupières et s’est relevée. Sa longue chevelure brune a glissé en ondulant jusqu’au creux de ses reins.
Son corps s’est cambré et jouant avec le feu, ses mains s’élevèrent au-dessus d’elle entre fumées et vapeurs célestes.
Ses sourcils se plissèrent davantage laissant apparaître deux petits sillons tragiques.
La guitare qui l’accompagnait dans sa triste mélodie semblait invisible. Parfois le bois se mettait à craquer dans les accords de l’instrument et le feu ravivé éclairait davantage les deux roulottes.
Enfin dans un dernier claquement de mains, elle frappa la terre de ses talons et sa robe rouge virevolta au travers des flammes.
Le silence revint, une larme coulait sur le bord de sa joue, petite étoile scintillante dans la nuit chavirée. Elle s’agenouilla une dernière fois et referma les yeux.
C’est à cet instant là, que je vis la lune lui sourire.