Ce n’est pas le premier caillou qui compte, peut-être le second, le troisième, ou d’autres encore, dés lors que la volonté s’en mêle ; lancés en jets de prières, face au soleil, à contre vent hostile, éclats de terre accouchée de son sable, sous l’œil des mouettes océanes, missionnaires de l’équilibre qu’elles emportent sous l’aile, désertées des issues que nous leur prêtons. Ce n’est ni le premier, ni même le second, tendu de l’écume qu’il frôle sans parvenir au but, humide des larmes adorées, souvenirs, comme mémoire d’une pluie d’été qui paraissait vouloir durer l’hiver. Au rebond suivant, celui-là aussi s’effondre dans l’ombre des églises où s’accueillent les vivants et les morts, chargés de fruits amers, au goût de poudre, comme restes de batailles livrées et perdues. Ni le troisième non plus, il fallait s’y attendre... Tu finirais par douter. Garde la porte bien close, ignore le poing qui l’ébranle : tes secrets épargnés bâtissent leur empire ; mon souffle les protège . Prendre au jour sa patience, recommencer, les yeux clos... Ajuster le regard à l’élan de l’âme, entendre ses désirs ; lâcher juste une fois l’objet du rêve, plutôt le devenir tout entier, polir l’espace, lui céder. Après, tu te verras sourire, dans le tintement des pierres, alliance instruite par les dieux. Ce n’est pas le premier caillou qui compte. Juste l’amour de la cible.
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La cible
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