Il avait toujours été heureux, lorsqu’il était enfant, de démonter des serrures de toute sorte. C’était vite devenu une passion pour lui mais il n’avait pas pu en faire son métier...
Lorsqu’il avait un peu de temps libre, en dehors de sa lourde charge de travail, il se dirigeait vers son établi, dans cet atelier de serrurier qu’il affectionnait plus que tout.
La serrure qu’il avait en chantier était vraiment superbe. Aucun détail n’avait été négligé. Le moindre ressort avait été ajusté, positionné et vérifié plutôt deux fois qu’une.
Un graissage au pinceau acheva la finition du bel objet.
Il referma la serrure à l’aide des quatre vis en laiton puis il vérifia que la clef dorée tournait bien dans la fente, des deux côtés. C’était un peu juste. Il s’obligea à élargir la partie arrondie à l’aide d’une queue de rat et renouvela le double essai : c’était parfait !
Il regarda alors par le trou de la serrure pour s’assurer une dernière fois que tout allait bien et, en accommodant au plus juste, il aperçut un homme de grande taille, mais sans sa tête ou plutôt dont la tête était à ses pieds, ensanglantée...
" C’est certainement la fatigue ! Il va falloir que je me repose un peu."
Louis Capet appela alors son épouse :
- "Marie-Antoinette, la serrure de votre bergerie est prête, voulez-vous que j’aille la poser ?...
- Mais vous perdez la tête mon bon ami, il est beaucoup trop tard. Il va faire nuit dans moins de dix minutes."
Louis était accablé. Lui, perdre la tête ! Il n’en était pas question. Il regarda une nouvelle fois par le trou de la serrure et cette fois que vit-il ? Marie-Antoinette, oh quelle horreur !... C’en était trop ! Cette serrure était décidément trop... décapante. Il la posa sur l’établi et s’en fut se laver les mains pour dîner.
Il avait toute sa tête à lui !