Elle est là, fragile, mince, souple comme une tige de roseau. Fugace et évanescente écharpe de brume. On croit la saisir, on croit que nos mains se referment sur sa taille, et soudain, elle n’est plus là, elle tourne, elle virevolte comme un oiseau dans le soleil du matin, vous effleure et vous frôle, tandis que les battements de son cœur résonnent à vos oreilles et que sa grâce vous gagne...
Et vous ne pouvez rien faire d’autre que d’entrer dans sa danse, de la suivre, de couler vos mouvements dans les siens, trop rapides et trop fluides, si doux et si fermes pourtant, et vous touchez le ciel, et vous touchez le sol, entrant en contact avec la terre alors que pourtant les cieux vous ont effleuré, avec cet arrière goût du paradis au coin de la bouche, cette empreinte brûlante, et malgré tout, elle n’est déjà plus là, elle s’envole déjà ailleurs.
Il la regarde tournoyer, virevolter, si libre qu’il craint de la briser et de l’emprisonner, et si forte à la fois qu’il se livre entier à elle. Il l’effleure, elle est derrière lui, elle l’entraîne avec elle, il sent son parfum en bouffées fleuries, elle tourne avec lui dans une danse farouche, gracieuse, insaisissable, alors qu’il ne peut rien faire que la suivre, se laisser emporter, qu’il n’a aucun autre désir que de voler encore et encore avec elle, danser pour l’éternité, oh, si seulement le temps pouvait s’arrêter...
Et il tombe, après avoir effleuré du coin de ses yeux un paradis fugace ; elle n’est déjà plus là, elle danse ailleurs. Le jeune homme se relève, la regarde achever une prise qui ne laisse aucune chance à l’homme qui l’attaquait, le projeter en souplesse et s’occuper du suivant ; les bruits de chute dans cette salle de combat reviennent à ses oreilles, mais dans son cœur, il frémit encore, il danse toujours.
Il n’est pas près d’oublier, oh non, il n’oubliera pas l’empreinte brûlante des doigts de la danseuse sur son cou, ce contact frais et léger, un effleurement à la couleur subtile d’un avenir paré de lumière, un futur au goût de Paradis.