Lorsque je visite une exposition de peinture, je laisse mes pas me guider de toiles en toiles, mes yeux passer de l’une à l’autre, rien de précis en tête, mon âme vagabonde d’une couleur à l’autre.
Parfois rien ne se passe. Je ressors, vide.
Mais, plus souvent, je me statufie devant une œuvre. Pourquoi celle-là plus qu’une autre, je ne saurais le dire. Mais ce qui est sûr, c’est qu’elle m’emmène ailleurs.
Je laisse mon regard caresser les courbes, s’imprégner des couleurs, se heurter aux traits droits. Peu à peu, une musique s’impose, résonne, donne à mes yeux un rythme pour vagabonder d’un motif à un autre.
Je ne suis plus là.
Je suis dans le dessin. Sans même poser mes doigts, je peux sentir par des picotements tous les reliefs, les textures, les lisses, les granuleux, les acérés et les doux.
Je peux sentir l’odeur du sous-bois, du bitume, de la mer, des rochers... Devant le dessin d’un oiseau, j’effleure du regard ses plumes et leur douceur se transmet à mes sensations. Pour un peu, je l’ébourifferais.
Mais, si l’artiste ou n’importe qui a tenté un début d’explication avant ce rêve, alors la lumière s’éteint. Car, ils ont mis des mots sur les formes, les sensations, les raisons du pourquoi et du comment. Ma mémoire de leurs discours entre alors en conflit avec mon imagination. Certes, je peux encore apprécier le tableau, mais il ne me « parle » plus de la même manière.
Alors la question finale est : qu’est-ce qu’un artiste souhaite faire éprouver au spectateur de son œuvre ?