D’un océan à l’autre, à sautiller à l’ombre de tilleuls aux fleurs fanées, jetant des ombres mouvantes sur le sol éclaboussé de soleil. Une goutte de tristesse dans un océan de pleurs ? Même plus.
Elle n’écoute pas, elle n’entend pas. L’air d’automne ne frissonne pas de ces rires d’enfants, non, elle doit rêver, elle est seule, s’ils étaient vraiment là, ils viendraient aussi près d’elle, non ? Il n’y aurait pas de raisons pour qu’elle reste seule sur cette marelle défraîchie, si ?
Le caillou tombe sur le sol, elle tourne les talons, la cloche a sonné. Il est temps d’y aller. De recommencer une année de plus. Traverser un océan de plus. Elle sent les regards la transpercer comme on le fait d’une vitre, glisser sur elle comme sur la vieille tapisserie qui traîne dans l’entrée dont on avait oublié l’existence, qu’on laisse en place par un mélange de paresse, d’habitude, d’affection.
La cloche a sonné, les enfants sont rentrés, les voix toutes pareilles des maîtresses bruissent dans le matin de cet automne encore endormi. Dans la cour, il ne reste plus qu’un galet, sur la case du ciel d’une vieille marelle.
Envole moi.