Le cheik Moka Ben Pépé hésitait. Il était rare de le voir en si mauvaise posture.
Son adversaire, il est vrai, n’était pas moins que Kharasov Bossbille , grand maître aux échecs usant avec habilité de cet art qui consiste à déstabiliser l’adversaire. Kharasov était tout à fait capable de mettre en place une tactique élaborée pour prendre l’ascendant où, au contraire, de sacrifier apparemment stupidement certaines de ses pièces pour casser une attaque, ramenant le niveau du jeu à celui d’une partie pour amateurs débutants. C’était, il est vrai fort désobligeant pour le joueur, généralement d’un très haut niveau qui s’opposait à lui. Il n’était pas rare de voir à ce moment là une main balayer d’un mouvement rageur le plateau de jeu, le joueur se lever et tourner les talons.
Pour Kharasov, l’essentiel était de gagner, peut importait la manière.
Le cheik Moka Ben Pépé avança sa dame, menaçant tout à la fois le roi et une tour de son adversaire, une fourchette dévastatrice. La réplique, irréfléchie, de Kharasov, le mit en colère, il jeta un regard furibond à son adversaire qui lui répondit avec un petit sourire narquois. Le cheik fit un signe à son entourage et la tente princière se vida. S’il devait perdre, ce serait sans témoin.
Kharasov jubilait.
Moka Ben Pépé sortit radieux, annonçant qu’il avait gagné, sous les applaudissements de ses dignitaires.
Resté sous la tente, Kharasov, prostré, le regard vide où se lisait l’incompréhension, avait perdu.
Sa tête trônait sur l’échiquier
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La partie d’échecs.
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Ce jeu noble, s’il en est, peut aussi s’avérer être comme un champ de bataille, tout dépend de l’enjeu, de l’importance que revêt la victoire.