Elle en a ras le bol, ras la frange, plein les bottes ! Sa gorge est constamment bloquée.
Elle a des “ maux ”, des “ mots ” sur l’estomac.
Elle a perdu des amis, un frère, un beau-frère….. Ils s’en sont tous allés vers un ailleurs inconnu.
Elle a dû couper le cordon ombilical qui la reliait à sa maison d’enfance, elle a un vide en elle, plus de cocon où aller se réfugier.
Elle doit trouver un moyen d’exorciser tout ça.
Elle prend une toile blanche, ses pinceaux, ses couleurs.
Elle peint…… elle jette sur la toile son ressenti, sa colère.
Voilà, c’est fini !
Apparaît une tête bleue, de toutes les nuances de bleu, une tête sans cheveux, les yeux vides de pupilles, la bouche démesurément ouverte, en un cri infini, le cou déformé par des tendons à vif !
De temps en temps, elle jette un œil sur ce visage grimaçant, et quelque part elle a l’impression que c’est elle qui hurle et ça l’aide à vider son trop plein.
Elle a bien essayé de pousser un cri, toute seule, chez elle, un hurlement venu du fond de son corps, mais ça a seulement fait fuir les chats !
Au bout de quelques mois, elle en a assez de voir ce personnage figé !
Elle installe un papier journal sur la table du jardin, y pose son chevalet, la toile,
Et se met à diluer de la couleur rouge vif avec de la térébenthine, de l’huile de lin, un peu de White spirit
Et vlan, elle projette cette mixture de toutes ses forces au visage. Le sang dégouline petit à petit, crée des rigoles entre les yeux morts, s’insinue dans la bouche grande ouverte !
Elle se sent libérée, elle a décidé de refuser, de dire NON à ce qui lui fait mal
Elle a assassiné sa peinture !