Tu m’avais promis que tu reviendrais.
Tu m’avais dit, ce n’est rien. C’est juste pour quelques temps. Le temps de trouver un peu d’argent. Ca sera bientôt fini, tout ça, ma puce, cette folie, ces cris, cette peur quand tu les entends passer dans la rue, avec leurs armes et leur violence.
Tu avais promis que ça ne serait pas long, que personne ne te ferait de mal, que c’était juste un nouveau travail, parce qu’ils avaient fermé le magasin.
Tu m’avais dit que je devais obéir à Maman, porter l’Etoile haut et clair, ne pas avoir honte de ce que je suis. Montre leur que tu ne leur en veux pas, tu me disais, montre leur que tu es fière. Ta honte et ta rancune sont leur nourriture. Je ne comprenais pas, alors tu riais et tu m’ébouriffais les cheveux, comme tu le faisais toujours.
Tu m’avais dit de leur apporter des boissons et des gâteaux, à ceux qui sont venus te chercher, et j’ai bien compris que tu voulais leur montrer que tu n’avais pas peur, que nous étions plus fiers qu’eux, même s’ils étaient plus forts que nous.
Tu m’as fait promettre que je ne pleurerais pas, et je n’ai pas pleuré, je te le jure, même quand j’ai entendu Maman sangloter doucement dans le noir, la nuit. J’ai bien étudié mes leçons pour que tu puisses m’interroger quand tu serais là, j’ai coiffé mes cheveux tous les matins pour que tu puisses les ébouriffer quand tu reviendrais, et tu me dirais que les petites filles n’étaient pas faites pour être bien coiffées, sauf pour aller à la Synagogue, et encore. Et Maman protesterait, indignée, et tu l’embrasserais pour la faire taire.
Tu m’avais promis que tu reviendrais...