"Lorsque les pétales de roses se sont envolés et que rien ne laisse espérer un nouvel été, je te regarde.
Je me souviens de ce premier jour où je t’ai emmenée au bal.
Tu étais si belle dans ta longue robe d’organdi. Un photographe nous avait pris en photo et dans les vapeurs de magnésium, nous avions tant ri.
Cette photo je l’ai toujours gardée contre mon cœur, dans une poche de ma veste ou de ma chemise. Certes, elle a bien jauni maintenant, mais jamais elle ne me quittera.
Et puis nous avons eu les enfants.
Je les ai vus grandir sur tes genoux au son de l’amour.
L’école, le service militaire, le mariage, comme cela est arrivé vite, trop vite.
Alors nous avons vieilli l’un contre l’autre au rythme des saisons dans notre petit village si bien caché."
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"Je te surveille derrière la fenêtre, mon vieil ami et je sais que tu le sais. Tu hésiteras avant d ‘allumer cette cigarette interdite qui pend sur tes lèvres mais tu le feras. Et dans les volutes bleus, tes yeux iront se perdre dans les souvenirs bien loin, plus loin que les collines boisées.
Je comprends aussi, que tu sois las et je me rappelle de toi, jeune homme élancé, fier et arrogant. Nous avons essuyé tous nos malheurs sans mot dire. Notre bonheur est ici maintenant, tous les deux, ensemble. Pourquoi regardes-tu cette rose ainsi ? Et quel est ce papier jaune que tu tiens entre tes mains ? Tu sembles bien pensif. Tes doigts tremblent.
Le clocher sonne l’heure du repas, il est temps pour toi de rentrer, tu as fait du bon ouvrage aujourd’hui. Comme tu as du mal à te redresser ce soir !
Regarde ! La première feuille morte se pose sur la pelouse tout près de toi et la rose a perdu son dernier pétale.
Reviens mon ami, il va faire nuit. "