Tut ! Tut ! Fait le train. Voilà, une fois de plus je la quitte, je l’abandonne. Il faut bien aller travailler, ces trois cents kilomètres, c’est en train que je les fais chaque dimanche après-midi, départ 19h30 ; c’est immuable, c’est comme ça. C’est le départ, le plus difficile. L’instant où je vais la voir pour la dernière fois est presque insoutenable. L’idée que je m’en fais, installe la douleur au plus profond de moi. Quelques kilomètres plus loin, la douleur s’estompera, je penserai au retour, aux retrouvailles, puis je regarderai le paysage, mes voisins, cette fille que j’aperçois auprès d’un gros monsieur, à quoi pense-t-elle. Un peu plus tard encore, après avoir somnolé, je penserai à cette semaine qui m’attend.
Tut ! Tut ! Fait le train, le voilà qui s’ébranle. Elle est au bout du quai, je le sais. Habillée de rouge, elle attend. Je l’imagine, calme, résignée, droite bien campée. Ses deux grands yeux vont me fixer un instant, sans ciller. Aucune émotion n’apparaîtra, pourtant ne dit on pas que c’est toujours plus dur pour ceux qui restent... Elle est fière et stoïque.
Voilà, l’extrémité du quai approche et l’émotion est à son comble, je sens une boule qui remonte dans ma gorge, mon nez renifle malgré lui. Aucune larme ne doit couler, aucune, je dois me montrer aussi fort qu’elle.
Parcotrain, ma petite auto rouge est là, un court instant nous échangeons ce regard, une sorte d’éternité instantanée, tant l’émotion est forte mais tant cela va vite.
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La séparation fait mal.
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Très courte nouvelle.
Laisser ceux qui vous sont chers, vous déchire. C’est parfois difficile à expliquer. Vous ne partez que pour quelques jours, pourtant c’est en vous, ça vous vrille de l’intérieur, ça fait mal.