Aujourd’hui le temps est bleu de froid, ne sachant que faire, Je me mets à ranger le vieux coffre du grenier. Il est rempli de secrets, de trésors et même d’une sirène. Eh oui ! J’ai bien écrit « une sirène ». Je vois à vos mines déconfites, que vous ne me croyez pas. Une sirène dans un coffre me direz vous, cela ne se peut pas et pourtant...
C’était un jour de printemps, j’avais décidé de suivre mon mari à la pèche. Il m’avait préparé mes cannes, mes hameçons et tout ce qu’il faut pour attraper du poisson. Seulement ce jour là, ce n’est pas des truites que j’ai pris mais une sirène bleue. Elle aurait pu être d’une autre couleur ... je sais. Celle là était couleur du ciel. Mon mari surpris m’a demandé de la rejeter dans l’eau sinon, elle ne vivrait pas. Il n’était pas question de la manger, il n’aime pas son goût filandreux de plus je ne sais pas cuisiner cette espèce. Je l’ai laissée partir mais aussitôt que mon mari s’est endormi pour une petite sieste, elle est ressortie et m’a parlé.
La sirène - Bonjour Madame.
Moi - Bonjour sirène, pourquoi es tu ressortie de l’eau ?
Sirène - J’en ai marre de voir cet étang, je veux connaître l’amour.
Moi - Ne me dis pas que tu as passé ton temps ici ? Je ne t’ai jamais vue.
Sirène - Je me cachais à l’oeil humain, seulement, je viens de voir que tu n’étais pas douée avec tes cannes et tout ce qui va avec, alors ... me voilà.
Moi - Pas douée moi ? Tu rigoles, j’en attrape tous les jours des poissons. Aujourd’hui, je suis un peu fatiguée ; en plus le vent souffle et m’a envoyé l’hameçon sur le toit du hangar. Je n’y peux rien.
Sirène - C’est cela oui, je ne te crois pas surtout que ton mari était toujours à te surveiller. Au fait ... pas mal le mec.
Moi - C’est pas un mec c’est à moi et pas touche pour l’instant.
Sirène - Cela dure combien de temps, un instant ? Je ne sais plus. J’ai vu Zola, Chopin avec sa copine george Sand et bien d’autres.
Moi - Ne me dis pas que tu viens du dix-neuvième siècle ?
Sirène - On est à quelle époque ?
Moi - En mille neuf cent quatre-vingt.
Sirène - Ah oui ! Je pense qu’il est grand temps que je sorte et que je me prenne un mari. Le tien fera l’affaire.
Moi - Pour le moment, je le garde mais on ne sait jamais... Un jour que j’en aurai marre, je penserai à toi.
Sirène - Emmène moi car je n’ai pas confiance. George m’a dit la même chose mais elle m’a oublié et je ne l’ai plus jamais revue. Je ne suis pas née de la dernière pluie.
Moi - Elle ne pouvait pas te passer Chopin, il était malade. Il est mort bien vite malheureusement. Tu me dis de t’emmener mais comment ? Une queue de poisson ne passe pas inaperçue.
Sirène - Pour cela je me débrouillerai, je te demande seulement de me couper les cheveux.
Moi - J’ai des ciseaux dans mon matériel, je vais te faire cela mais tes cheveux aussi, sont repérables. Personne n’a jamais vu de cheveux bleus.
Sirène - Tu les coupes c’est tout ... après c’est mon affaire.
Moi - Okay ! j’ai rien dit.
Je pris ma paire de ciseaux et d’un coup, coupa les cheveux de la demoiselle puis me suis retournée pour ne pas voir ce qu’elle trafiquait. Aussitôt prête, elle m’avertit et je pus constater que sa queue avait disparu, ses cheveux avaient pris la couleur du miel. Dieu qu’elle était belle. A mon mari qui venait de se réveiller, Je l’ai présentée comme une vieille amie qui cherchait un logement.
Je sais, je n’aurais pas dû mais, j’aime rendre service ... que voulez vous. Elle a habité chez nous le temps de lui trouver une maison avec piscine. Cela n’a pas arrangé mon mariage, au contraire. Mon mari était odieux de la voir toujours dans son sillage. Il était drôlement amoureux de moi ce cher et tendre, enfin, je le croyais. Au bout de quelques temps, la sirène dépérissait, les écailles commençaient à repousser, ses cheveux bleuissaient ainsi que sa peau. Au début, je la mettais dans la baignoire mais je ne pouvais pas l’y laisser tout le temps. Un jour, fatiguée de souffrir, elle vint me voir et me fit ce marché << Tu me déposes dans le vieux coffre du grenier, je peux rester de marbre, personne ne verra rien, ne t’inquiète pas. Lorsque ce sera fini entre toi et ton mari tu viendras me chercher et ... >> Je n’en revenais pas, elle était capable de rester immobile pendant des siècles. Je ne pourrai jamais ... moi.
Aujourd’hui, j’ai rouvert le coffre et je libère la sirène. Je viens de divorcer et ne veux plus entendre parler de cet abruti mais ai-je le droit de lui laisser un homme pourri jusqu’à l’os ? Au fait, si cela se passe mal entre eux, je n’y suis pour rien. C’est elle qui le veut, je ne fais que tenir ma promesse.