Lorsque le matin quelques brumes vaporeuses enveloppent le soleil naissant, une forme opalescente se penche sur un rocher de pierre sombre et terni aux épreuves du temps. Un chant langoureux naît de la terre et une douce lueur jaillit de ses entrailles l’entourant de reflets éclatants et aériens aux teintes d’éphémère éternité.
On dit dans le pays que ce caillou à taille humaine qui se dresse au milieu de la plaine tel un récif implorant le ciel immense n’est autre que la silhouette d’un jeune homme dont voici l’histoire.
Il regardait l’horizon comme l’on tente parfois d’apercevoir le fond d’un puits où l’eau se teinte d’encre noire aux reflets de secret. Le regard empli d’espoir et tourné vers l’avenir, il parlait si souvent de ce monde magique vers lequel il semblait se diriger, rêve d’absolu et de communion où les hommes dans leur infinie sagesse oseraient enfin parler d’amour et de paix.
Parfois il souriait et son âme magnifique transcendait le temps et le néant pour se poser sur des myriades de pétales de fleurs blanches et jaunes. Mais parfois il pleurait, le cœur en désespoir et las de la folie qui le touchait, l’emprisonnait comme un oiseau pris au filet des chasseurs.
Un soir, à l’heure où le ciel et la terre s’unissent pour ne former qu’un seul cœur, qu’une seule âme, un vague sentiment de tristesse l’envahit. Alors il s’assit au bord de la rivière qui traversait la grande prairie et murmura une douce complainte les yeux fixés sur les nues éthérées. Il décida d’attendre près de l’onde claire et cristalline que le monde change enfin.
Les siècles ont passé, la terre continue sa course aux étoiles et il attend toujours...