Georges depuis une heure tournait en rond dans son bureau. Eloise ne lui avait pas donné de nouvelles comme convenu à Minuit (l’heure du crime se souvenait-il avoir placé en souriant à sa bêtise). Mais là, cette angoisse sourde il ne l’avait pas connue depuis quand ??… Qu’importait ce qu’il lui fallait d’urgence c’était des nouvelles de la petite !
Pour la millième fois il passa la tête par la porte de son bureau et regarda en direction du standard. Le vieux Baptiste somnolait. Un coup de sifflet suffit à lui faire lever le nez. Il répondit juste d’un signe de la tête négatif… pas de nouvelles.
Georges claqua la porte de son bureau, s’approcha de son porte-manteaux et enfila son manteau écossais, sa casquette assortie et machinalement prit la pipe dans son bureau. Le tabac froid qui en émanait fit monter à sa mémoire un temps où il se prenait pour … pour qui déjà ?
Oups !! Georges ta mémoire s’échappe ! Pensa-t-il tout haut.
Pendant que Georges se préparait pour une expédition au château, Eloise arpentait furtivement les couloirs sombres dudit château. Elle avait longé le grand escalier et en frôlant une tenture, elle avait sentie un courant d’air frais et découvert derrière un passage secret. De sa petite lampe elle essayait de distinguer le couloir exigu ou elle se trouvait. Lorsque ses yeux totalement habitués à l’obscurité en firent le tour, elle s’avança précautionneusement. Par endroit elle entendait des voix. Puis le silence fondait sur elle la replongeant dans son incertitude… Où était-elle ? Georges s’inquiétait-il d’elle ? Elle avait oublié de l’appeler. Elle cheminait ainsi depuis une bonne demi-heure, lorsque des voix se firent plus distinctes. Elle reconnut instantanément celle de Firmin, mais l’autre voix lui était inconnue. C’était une voix chaude et grave aux intonations chantantes ou les r roulaient comme un tambour. Firmin rappelait à l’ordre son interlocuteur, lui intimant de baisser d’un ton.
Les murs ont des oreilles. Et je ne souhaite pas que tout le monde soit au courant que nous nous sommes rencontrés.
Donnez-moi vos instrrrrrrrrructions ?
Je vous demande de faire très attention, la comtesse vient d’engager un nouveau chauffeur… c’est une femme cela ne posera donc pas trop de problème. Elle n’a pas l’air futé mais restons sur nos gardes….
Des bruits de pas indiquaient qu’ils sortaient de la pièce où ils se trouvaient, les voix étaient maintenant inaudibles pour Eloise. En longeant la paroi elle réussit à trouver la tenture masquant le passage d’où elle put s’extirper sans peine.
Elle bailla aux corneilles… Il devait être tard mais elle devait se lancer sur leurs traces pour essayer de voir l’autre protagoniste.
Furtivement, telle une ombre elle suivait le rai de lumière que le chandelier laissait sur leur passage. Elle était maintenant dans une sorte de bibliothèque, rapidement d’un seul regard elle en balaya les contours qu’elle décelait sous la lumière d’une lune ronde. Elle s’approcha plus près en se planquant derrière une lourde tenture.
Elle entendit dans la pièce à côté la voix de Firmin :
Voilà le colis. Surtout prenez en soin car morte, elle ne nous sert à rien.
Vous savez bien que je suis allergique aux poils… Atchouuuuuuuuum !!!
Je vous ai déjà dit de faire doucement. Allez maintenant filez ! Je vais vous faire passer par la porte arrière et surtout ne me contactez pas c’est moi qui viens chez vous dès que j’ai plus d’éléments.
Eloise risqua un œil par la fenêtre et vit sortir un homme d’allure trapue une casquette en feutre enfoncée sur les yeux, une énorme moustache lui barrait le visage. Elle entendit Firmin fermer la porte. Et il s’installa dans la bibliothèque où elle se trouvait. Elle sentait que la nuit allait être longue. Lorsque la cloche de la porte principale retentit, elle sut qu’elle était sauvée par le gong. Firmin se leva pour aller ouvrir et elle entendit la voix du commissaire Georges.
Que venait-il faire à pareille heure ?…..
(à suivre)