Sans titre, untitled, destituée, inommée, elle lui demande juste ne m’oublie pas.
Elle veut porter son nom mais c’est improbable. Ne m’oublie pas.
Elle veut le savoir rire, c’est un souhait. Ne m’oublie pas. Et ne te moque pas. Si c’est possible.
Le 17 juillet à cinq heures, le 16 septembre mais à quelle heure, sans titre, untitled, tricot de mots, tissage d’une maille en nylon, les notes dansent dans l’air du soir, elle a écrit les paroles, il a swingué la musique, c’est une chanson à la chlorophyle. Avoir de l’air. Qui le savait ? Pas eux. Une mélodie remue le poème. Et ça s’anime et ça s’imbrique et ça se mêle. Et ça s’emmêle. Sans titre. Oui, untitled, c’est ce qu’ils sont. En itinérance. Ne posent pas les valises. Ne prononcent pas. Ecrivent et jouent de conserve.
Elle a dit prenons la route. Il a refusé. Je la prends seul. Elle a dit porter ton nom, faut-il forcer ? Il a demandé les mots. Elle a offert, c’est des cadeaux.
Il faut se méfier des choses compliquées, les verbes qui entêtent, les refrains trop bien brodés, ces choses qu’on oublie tant elles étouffent ceux qui auraient le courage de les retenir.
Sans titre. Untitled. Aussi simple que le rien, humble comme un tout. Aussi vrai que le regard d’Amélie. Regarder la vie devant soi. Garder ce film en mémoire. Entre elle et lui. Pas entre autres.
Elle dit sans ta musique il n’y aura pas mes mots, il n’y aura pas mon livre. Ton livre. C’est un voyage si aérien d’écrire.
Elle dit aujourd’hui je sais que c’est grave. Passer à côté c’est grave. Manquer c’est grave, c’est graver. Manquer, c’est graver grave. Et je veux caresser léger. Comme la valse d’Amélie.