L’enfant t’a recherché, pour te connaître, t’aimer et être aimé de toi.
Elle faisait de doux rêves en t’idéalisant. Pauvre enfant, dans sa quête d’amour, son mal-vivre, son mal-être, elle voulait te donner une belle leçon.
Elle souffrait dans sa chair d’être une handicapée, ne comprenant pas tout, tes mots elle déformait.
Le regard des autres, voire leur opinion, lui importait vraiment.
Que de rêves déçus, puisqu’elle ne comprend pas, tu te fermes au dialogue, refusant de la voir pour ne plus la heurter.
Alors elle t’écrit, son amour, son désespoir, l’incompréhension du monde des adultes où elle se bat, où elle patauge. Ecorchée de la vie et rejetée aussi, elle se défend avec ses rires, ses larmes, avec sa foi, sa croyance en l’amour.
Quand la stupidité, la bêtise du non dialogue, la déstabilise encore. Elle crie son désespoir.
Et moi, contrairement à toi, je ne suis pas sourde à ses cris. Je comprends sa détresse et cherche à l’en soustraire.
Que faire ? Sinon lui dire, pars, va de l’avant, ne remue plus le passé, fais une croix sur ce papa qui ne veut pas vraiment de toi. Fuis, construis, va au delà des choses. Fais toi des amis, trouves toi un homme et aime. Cesse de te leurrer dans des rêves éphémères, tu en vaux la peine, ma douce, ma chérie, ma fille.
Je suis ta mère et t’aimerai pour deux puisque lui est incapable de le faire.
Quant à lui, ce papa, je me dis qu’il souffre, tout autant que toi notre enfant. Qu’il manque de confiance en lui, car ne pas dire, être en contradiction tout le temps, c’est manqué de confiance en soi. C’est ne plus oser reconstruire. Il fait l’autruche, se voile la face, ne se sentant nullement coupable. Il n’admettra aucuns reproches. Quand tu le touches, il s’échappe. Il a une ligne de conduite et il s’y tient : sourires, réponse à une question par une autre question, éludant ainsi les réponses. Souffrance, il se sent espionné, incompris. Il est prêt à tout dire mais il se retient. J’ai envie de lui dire que la vie ce n’est pas cela, non la vie n’est pas un théâtre permanent dans lequel on se donne un rôle que l’on joue.
La vie c’est autre chose. C’est accepter l’autre tel qu’il est avec ses qualités et ses défauts. C’est apprivoiser l’enfant blessée, écorchée. C’est tendre la main, la prendre dans ses bras, l’aimer, la bercer.
La vie c’est aimer l’autre au delà de tout, au delà de soi, se surpasser encore et encore. La vie ce n’est pas faire l’autruche, avoir des œillères, se dire débordé. La vie c’est savoir trouver le temps de donner et d’aimer, de construire, se reconstruire malgré les souffrances ;