Et j’avance... Sans m’arrêter, sans regarder autre chose que mon chemin, et je garde ce pâle sourire sur mes lèvres mais un regard triste, et parfois quelques larmes qui coulent et ôtent la route de ma vue. Mais je ne tourne pas le regard, je ne cherche pas à effacer ces larmes, ces douleurs. Je reste là, à marcher, toujours à la même vitesse, toujours de la même manière, toujours pour la même raison. Et je ne regarde pas derrière moi, et je n’écoute pas ces voix qui m’appellent, qui m’incitent à me retourner, qui m’incitent à te regarder. Je te verrais, toi et tous les autres, je verrais les images que j’ai mais que je n’ai pas vues, je verrais tant d’images qui se supperposent... Pourtant je ne les ai pas vues. Alors je n’ai pas besoin de me retourner.
Je n’ai pas besoin de te voir, toi et les autres, car je continue dans ma profonde mélancolie, dans ma solitude qui me fait avancer de jour en jour en refusant de me retourner, en refusant de voir, en refusant de penser... Que de refus. Pour avancer. Et je refuse même ces larmes qui coulent, je refuse même cette peine et cette douleur que je renie, tout ce que je me cache a moi-même avant de le cacher aux autres, tout ce que je refuse de voir pour avancer, le cœur toujours plus froid, le cœur toujours plus impassible. Il se transforme en pierre, petit à petit, il se ferme et s’éloigne de ton image. Tu ne restes plus qu’une image immobile, une image qui s’efface et qui ne dit rien.
Pourquoi, toi qui me lis, pourquoi te poses tu cette question ? Pourquoi cherches tu cette vérité que je ne veux pas faire traverser à travers ces lignes, pourquoi te demandes tu... ce qu’il ne faut pas se demander. Ce texte n’a pas de sens, tu le sais bien. Je ne pense à rien en l’écrivant, juste une image dans mon esprit, moi en train de marcher sur une route vide, et des images derrière. C’est tout. Le reste, le reste n’est pas vrai.
On peut interpréter ce départ, cette avancée vers la vie comme une fuite, alors que la dernière fois que j’ai fui, c’était la vie que je fuyais. C’était le bonheur que je fuyais. Maintenant, je fuis en avant, je me jette dans la gueule du loup, je m’avance vers un futur que je ne connais pas, que je ne veux pas voir...
Mais ces mots n’ont pas de sens, ils se suivent sans rapports entre eux, il n’ont aucune réalité puisque c’est moi qui les écris. Or je ne suis pas réelle. Je ne veux pas être réelle. Juste... Un ange derrière moi, un ange que je vois dans ma tête, mais qui ne me voit pas. Un Ange avec quelques paroles échangées...
Et je ferme les yeux. Puis plus rien. Lambeau d’une vie qui n’est pas mienne. Lambeau d’une vie qui n’est pas réelle.