Un matin, il était là.
Enorme, entièrement noir des pattes jusqu’au bec, le corps luisant et les plumes lissées… Il se tenait sur la plus haute branche de l’arbre en face de la fenêtre de ma chambre.
Je ne le remarquai d’abord que fugitivement, rien de plus qu’une ombre sur le bord extérieur de ma vision…
Et puis les choses changèrent.
Chaque jour en me réveillant, je le découvrais sur son perchoir, serein, lui attendait je ne sais quoi en me regardant dormir… Il m’observait de ses petits yeux noirs et me saluait d’un vif croassement dés que les miens s’ouvraient. Le temps passant, il se rapprocha de plus en plus de la vitre et moi je m’habituais à sa présence… De fait, avant d’en prendre réellement conscience, nous étions rentrés tout deux dans une certaine routine. Dés qu’il m’apercevait de son côté, il me saluait d’un cri bref et moi, je lui répondais poliment du mien. Je restais pourtant impressionné par sa surprenante ponctualité, car jamais il ne manquait son salut quotidien.
Mais un matin les choses prirent une tournure beaucoup plus étrange, moins amicale.
C’était l’été et pour profiter de la fraîcheur de la nuit j’avais laissé la fenêtre ouverte. Quelle ne fut pas ma surprise de le découvrir au réveil en face de moi, posé lourdement sur ma poitrine et me fixant d’un air froid et déterminé… Je poussai alors le plus effroyable hurlement de ma vie ! Et à en juger par la vitesse à laquelle il s’envola, celui-ci dut être aussi sacrément surpris…
Après cela, je ne le revis plus pendant des mois.
Et un jour, il était de nouveau là, patientant sur sa branche comme si rien ne s’était passé. Le regard pourtant plus dur, un rien menaçant, il me dévisageait en silence.
Maintenant je commence à avoir peur…
Aujourd’hui à mon réveil, il y avait un autre corbeau qui m’épiait avec lui.