Le randonneur était à bout. Même sa boussole semblait avoir perdu le nord. Le ciel s’assombrissait au fur et à mesure qu’il avançait dans ce dédale de difficultés. Des nuages noirs menaçaient. Le sac qu’il portait semblait peser des tonnes, lesté des torrents de larmes qu’il avait vu couler dans sa triste vie.
Au bord du renoncement, alors qu’il était prêt à abdiquer, il rencontra, à l’orée de la forêt, un groupe d’enfants qui jouaient dans une clairière bizarrement éclairée d’un grand hâlo de lumière. Un petit garçon s’avança vers lui, d’autorité lui prit la main et lui dit :
Assieds toi, tu m’as l’air bien fatigué ! Ecoute moi bien ! Ne dis rien ! Je te connais, tu sais, je vais t’aider ! Donnes moi ce sac que je le fasse sécher, que je retire les vieilleries que tu trimballes. Dis moi, pourquoi suis tu les chemins tortueux, alors qu’il suffirait que tu changes de conduite pour retrouver un chemin rectiligne ? Et puis, pourquoi marches tu seul, alors que si tu arrétais de regarder ton nombril, tu verrais que des tas de gens sont comme toi, et ne demandent qu’à t’accompagner, faire avec toi un bout de route ?
Repose toi dans cette clairière, reprends ton souffle, laisse moi cette maudite boussole qui ne t’indique qu’une direction, fais confiance à ton cœur !
Le randonneur s’endormit, et à son réveil, il n’y avait plus d’enfant. Si le temps n’était pas au grand beau, il était réchauffé. Son sac plus léger, il reprit la route. A quelques encablures, il rencontra d’autres randonneurs. Il leur sourit, ils sympathisèrent...
Il avait en mémoire cette rencontre. Il était sur d’avoir déjà vu cette petite bouille quelque part ! En fouillant dans son sac, il retrouva une photo d’enfance dans son portefeuille. Non seulement il n’était plus perdu, mais savait comment faire au prochain écueil.