Regarder par le volet entrebâillé les premières lueurs du petit matin qui naît et chercher au fond de soi une simple et éphémère raison de repousser les draps et de se lancer dans la grande aventure d’un nouveau jour.
Et fouiller tant et tant de temps les recoins de son âme sans apercevoir la moindre étincelle d’espoir et de désir que déjà l’aube devient aurore. Mais le monde et le destin nous appellent et on se retrouve confronté à la réalité dure et abrupte, sans aucune autre alternative que celle de vivre.
Alors tel un automate brisé, on se lève et on répète à l’infini les mêmes gestes, les mêmes mots, les mêmes sourires forcés, parce qu’il y a les autres, ceux qui vous aiment et qu’on n’a pas de droit de faire souffrir.
De temps en temps, en cachette, on sèche une larme d’un geste rapide, une qu’on n’a pas su retenir, une qui se souvient qu’avant on était fort et qui se rebelle, qui appelle au secours mais qu’on refuse d’entendre parce que quelque chose au fond de nous ne cesse de répéter qu’il est déjà trop tard et que rien ne vaut plus la peine.
Les nuits blanches qui se succèdent marquent les yeux de longs cernes noirs et le corps fatigué se laisse envahir par une lassitude si profonde que chaque geste devient un effort épuisant et ennuyeux.
Les minutes passent mais le temps n’avance pas. On se languit du soir espérant qu’il apaisera les maux et que le sommeil emportera pour quelques heures les idées noires. On veut y croire et on se ment sachant bien que la nuit qui s’annonce sera comme la précédente, une succession d’heures longues et froides et désespérantes comme un rêve défunt.