Le convoi s’était arrêté à quelques mètres. Personne n’en sortait et seul le vent s’engouffrait par les fenêtres brisées. Elle s’avança timidement, le hennissement rauque du cheval la fit reculer. S’approchant à petit pas de la bête, elle le flatta de la voix. Il était recouvert d’une sueur brillante, il tapait le sol avec ses sabots. Elle le toucha et il parut se calmer.
Elle revint sur ses pas et ouvrit le coche d’un geste sec, autrement elle n’y serait pas arrivée. Rien à l’intérieur ne remuait, quelques mouches....Sur la banquette arrière, deux corps emmêlés, dans une étreinte rigide. Un long moment elle ne bougea pas, juste le bourdonnement des mouches...
Une balle les avaient traversés tous les deux, au même moment ils étaient morts ; amour-mort simultanées. Elle referma la porte et prit le cheval par la bride sur le chemin caillouteux de la ferme. Elle les enterra ensemble, en prenant bien soin de ne pas les séparer, ainsi, elle avait l’impression de ne pas gâcher cette étreinte aussi impérissable.
Longtemps elle les avait admirés au fond. La pénombre les avaient rendu moins blancs. Le visage de la femme était tourné vers le ciel, elle souriait. L’homme enfoui dans son cou, étreignait un sein. Puis finalement elles les avaient recouverts de terre, tout doucement pour ne pas les délacer. Elle dessella le cheval qui s’enfuit au galop.
La nuit était tombé quand elle se rassit sur sa chaise à bascule, le fusil entre ses cuisses, serré....
Aucune diligence ne passerait avant plusieurs mois, elle s’endormit. Derrière la maison grise, s’étendait des monticules de terre sur plusieurs mètres sans que rien ne les décore. Des tas de terre,des centaines peut-être