L’enfant aux yeux de ciel pur contemplait derrière la fenêtre de sa chambre une planète bleue, auréolée d’un voile parme et blanc. En soupirant, il regarda la photo de sa mère qui se trouvait sur son chevet puis il rejoignit son père dans le grand salon aux tentures pourpres.
Comme d’habitude celui-ci était vêtu de la longue toge noire qui symbolisait son statut de haut dignitaire de cet étrange gouvernement qui s’était formé à la hâte, lors de la grande migration des élus.
- Je vous en prie Père, parlez moi de la vie d’autrefois, sur cette terre si jolie dont je n’ai malheureusement gardé aucun souvenir, parlez moi de ma mère que j’ai oubliée, parlez moi de la douceur de vivre à l’air libre et du parfum des fleurs, parlez moi de l’amour et de la caresse du soleil.
- Il ne sert à rien mon Fils de ressasser tout cela, tu sais bien qu’il est interdit de parler du passé. Ta mère n’était pas une élue, elle a péri là-bas, mieux vaut l’oublier plutôt que de continuer à souffrir. Je t’aime assez pour deux, tu peux me croire...
- Moi aussi je vous aime Père. Mais dites moi au moins une chose, qui a choisi les élus, qui est le cœur innocent suffisamment éclairé pour décider qui aurait le droit de vivre.
Le père ne répondit rien, il blêmit et baissa les yeux. Alors, l’enfant comprit l’indicible.
L’éclat de son regard s’obscurcit, et pour la première fois il eut honte d’avoir été désigné et renia son père.