Je devrais être heureuse d’avoir réussi à monter sur les planches. De jouer la comédie devant du monde m’a branché plus que je ne le pensais ; J’ai bossé avec les copines pour être au top et à part quelques bémols, nous l’avons été. Ce fut une jouissance indéfinissable mais voilà c’est terminé, le rideau s’est refermé et nous sommes parties chacune de notre côté, vaquer à nos occupations de tous les jours. C’est vide, littéralement le néant. Je ne sais plus qui je suis ni où je vais, un gros blues m’envahit. Je savais pourtant que cela arriverait mais je ne pensais pas que ce fut à ce point. Il faut que je me reprenne, que je trouve les mots , les sourires, ma vie. Malgré le trac, j’étais si bien dans cet autre univers, remplie de tant de femmes et pourtant une seule me convient, moi. Vous allez penser que je suis égocentrique mais pour monter sur scène, il le faut un peu, je crois sinon, on reste couché et moi, je déteste rester alitée à attendre que tout me vienne. Je vais au devant des choses, des situations, des échecs mais aussi des bonheurs. J’aimerai tant revenir en arrière, reprendre l’écriture, apprendre les textes et les jouer. C’est fini, nous rejouerons peut-être ce spectacle dans d’autres centres de ma ville, nous y avons été invitées. Pour cela, il nous faut l’autorisation des autres membres du conseil d’administration et ça ce n’est pas gagné, vu que la présidente n’est même pas venue nous applaudir, prétextant qu’il n’y aurait personne. Ce soir, je suis triste et l’envie de pleurer me taraude sérieusement, la larme est au bord des cils et ne demande qu’à tomber. Je comprends parfaitement tous ces acteurs qui attendent au près du téléphone qu’un producteur les appelle. Jouer c’est de l’adrénaline en barre, je ne me vois plus comme avant et pourtant, je n’ai pas changé, je suis toujours la même, avec mes passions, mes joies et surtout mes peines. Encore une fois, le père Noël ne m’a pas apporté ce que je lui ai demandé. Cette fin d’année se finit comme elle a commencé, enfin presque. Une plus grande confiance en moi m’envahit et cela devrait chasser ce gros blues aux toilettes et tirer la chasse d’eau.