Il est parti.
Dans le petit matin glacé, le dos un peu voûté, la démarche mal assurée, il se retourne, hésite un instant puis reprend sa route vers la lumière éclatante qui brille au loin. Sa longue pèlerine noire vole encore au vent de nos mémoires comme une certitude qui s’éteint inexorablement.
Il a parcouru tant de chemins, tant lutté. L’amour dans une main, la bonté dans l’autre, avec toujours dans le regard cette lueur d’espoir pour un monde meilleur, il a pris les armes contre l’indicible et l’intolérable.
Sur nos fronts, il a fait monter la honte, il a montré du doigt l’indifférence et l’immobilisme. Là où des hommes meurent, là où certains n’ont pas de pain, pas de toit, il a brandi le flambeau de la philanthropie contre l’iniquité des hommes.
Homme de foi, homme juste il a montré la voie repoussant l’exclusion, tentant de bannir la misère et l’intolérance, tentant seulement de nous rendre un peu plus humain.
Regarde bien le ciel cette nuit, une nouvelle étoile y brille d’un éclat plus intense, poussière d’absolu, sa traîne scintillante parsème la voix lactée de mille et une étincelles argentées.
Adieu l’Abbé ! Dormez tranquille, d’autres suivront le chemin que vous avez tracé...