Le jour se lève et je n’ai pas dormi.
Dans le petit matin frileux, l’herbe est recouverte de rosée et une brume légère monte de la terre, irréelle et chimérique. Les hirondelles, perchées sur les fils électriques gazouillent gaiement.
Je pense à toi, à tes yeux, à tes mains et mon cœur se serre un peu.
Assise sur la terrasse, je regarde l’aube s’évanouir paisiblement. Les dernières étoiles s’éteignent lentement et laissent place aux roses diffus que l’aurore dessine. Le ciel ressemble à une immense palette qu’un peintre démesuré barbouille de couleurs tendres et chaudes.
Derrière la colline, le soleil commence à poindre, gigantesque boule de feu qui embrase la nature, incendie grandiose des nues diluées.
Je pense à toi, à ton sourire et ton souvenir devient douleur.
La fraîcheur qui se pose sur ma peau me fait frissonner, je ramène sur mes épaules le châle de soie noire. Je me laisse envahir par l’immensité et le calme des premières heures du jour.
Quelques taches sombres maculent mes mains, je les regarde sans les voir mais inconsciemment je les frotte l’une sur l’autre, peut-être pour les réchauffer, peut-être simplement pour effacer hier.
Alors, je me souviens de cette nuit, de cette colère sourde qui s’est emparée de moi quand tu m’as parlé d’elle en préparant ta valise. Et puis de ce bruit étrange lorsque la lame du couteau a transpercé ta poitrine.
Les oiseaux autour de moi s’éveillent, il fera beau et chaud aujourd’hui mais pourtant rien ne sera plus comme avant.
Je contemple le ciel vide de rêve, tu étais mon étoile mais un éclair écarlate a stoppé ta course effrénée.
Le jour se lève... l’espace d’un instant...