Ca arrive un matin au réveil, on ne sait pas trop comment, mais c’est sûr que c’est là, ça court dans nos veines comme un mal infernal. C’est d’abord une boule dans la gorge et quelques larmes aux yeux et puis ces bonnes raisons que l’on cherche pour se lever à nouveau, pour commencer une nouvelle journée, pour affronter la vie.
Et puis ça continue, envie de rien, de rien d’autre que de dormir, de dormir pour oublier, et d’oublier on ne sait quoi mais oublier…
Et les journées s’étirent les larmes au bord du cœur, le cœur au bord du gouffre. Alors on lutte, on sourit, on vit mais on ne sait plus bien pourquoi…par habitude peut-être comme on respire, comme on marche, comme on ferme les yeux, simple réflexe conditionné par un stupide instinct de survie.
Et chaque image est une plaie ouverte, et chaque souvenir un coup de poignard et chaque heure qui passe un pas de plus vers le soir, et chaque soir un pas de plus vers le noir.
Et ces larmes qui coulent en silence, sans colère, sans haine, qu’on essuie d’un revers de la main et qui jaillissent encore et encore, ruisseau perpétuel et inexpliqué. Alors on renonce, on laisse faire ce torrent qui submerge tout.
Pas de sanglot, juste une tristesse sourde, un désespoir inutile alors on se demande ce qu’on fait là et on se laisse sombrer, sombrer de plus en plus profond, de plus en plus loin, vers les ténèbres, vers le froid et l’angoisse.
Et elle arrive, elle s’approche, sombre charognard, on la sent qui s’attarde, qui rôde autour de nous, qui nous touche du doigt, qui nous jauge . Elle ne dit rien et pourtant on sait que l’heure n’est pas encore venue, que demain, il faudra encore se lever, que demain il faudra encore se battre jusqu’à l’épuisement…