Deux textes. Deux messages opposés. Une même personne à son origine. Tout ce que l’on lit n’est pas vrai, tout ce qui est vrai n’est pas écrit. Trois textes. Un seul message. Mots de Haine, Mots d’Amour. Tant de mots maniés, tant de phrases assemblées, tant de sens vides de sens. Qu’est-ce qu’une lettre, un mot, une phrase, un texte ? Des signes. Rien que des signes. Des signes porteurs de sens, porteurs du sens que l’on souhaite y mettre. Mais ce sens n’en est pas un, il meurt dès que l’on y place un peu d’habileté, de recul, ce dont tout le monde est capable.
Chacun est capable d’écrire. Il suffit de dessiner des signes pour voir des lettres s’inscrire. Il suffit de laisser son esprit mentir, sortir hors de lui-même pour créer du sens. Un sens faux, un sens vrai, cela n’a au final pas d’importance. Ce qui importe est le signe, le message qu’il porte, les lignes blanches entre les lignes noires. Ne jamais croire le noir. Toujours croire le blanc. Les choses ont un sens, pas les mots. Ceux-ci n’en prennent un que lorsque l’on y met quelque chose d’autre qu’un signe : une pensée. Mais alors, ce n’est que pensée, pas chose. Car l’essence même de la chose est elle-même, les mots évoquent son idée, les mots parlent d’elle. Mais ne sont pas elle. De même pour les images.
Ils sont pareils, au fond. Mots et images ne sont que représentation de la réalité. Un dessin, une photo, un mot. Ils sont subjectifs car créés par quelqu’un. C’est un regard. Un regard est toujours subjectif. Une chose, bien que l’on porte un regard sur elle, est toujours elle-même. Un arbre est un arbre, une fleur est une fleur, le vent est le vent. Mais ces mots qui disent ce qu’ils sont ne sont pas eux. En quoi est-ce que je retrouve la fleur lorsque je prononce ou lis ce mot ? Son idée est là. La fleur n’est pas là. Les mots ne sont pas des échecs. Ils sont ce qu’ils sont. Ils sont ce qu’ils ont toujours été. Qu’ils soient vrais ou faux, courts ou longs, simples ou complexes, ils sont là. Ils ont toujours été là. Mais ils ne se suffisent pas à eux-mêmes. Leur utilisation est subjective, leur échec pour retranscrire la réalité est donc subjectif.
A chacun de les utiliser comme il le souhaite, à chacun d’y voir plus qu’un signe ou moins. A chacun d’y voir une vérité, un mensonge, ou juste des mots retranscrivant une émotion. Mes mots à moi retranscrivent des émotions. Des émotions vraies mais des mots faux. Qui n’a jamais haï, qui n’a jamais aimé ? Pourtant, Mots de Haine, Mots d’Amour sont diamétralement opposés. Ils retranscrivent une haine comme j’en ai ressentie, un amour comme j’en ai ressenti. Pourtant, les deux messages sont faux. Mots de Haine retranscrit une haine que je n’ai pas, mais un sentiment que je connais. Mots d’Amour retranscrit un mensonge visible par quelques signes, par quelques phrases. Pourtant, j’ai déjà aimé. Chacun est capable d’écrire des sentiments, chacun est capable de manipuler les mots pour leur faire dire ce que l’on veut.
C’est cela, au fond, les mots. Ils sont destinés à être utilisés, à être mis au service d’un message, du message que l’on veut. D’une vérité ou d’un mensonge. Les mots en eux-mêmes sont objectifs. C’est nous qui les rendont subjectifs. Il ne faut pas toujours croire ce que l’on lit...