Et alors ?
« Si la vérité blesse, c’est la faute de la vérité »
Nicolas Sarkozy, Ultime Ministre Philosophe
Ma copine Carole est bonne comme la romaine, fraîche et craquante.
Son nouveau mec s’appelle Marc.
Ce type me rend dingue ! Il me drague en me disant qu’il est riche ...
Et alors ?
C’est vrai ! Je luis dis que le fric ne m’intéresse pas, donc il me promet de me baiser toute la nuit. TOUTE LA NUIT !!!
Et alors ?
Nous rentrons à vingt heures et il me baise jusqu’à huit heures. Fort bien.
Et alors ?
Depuis quelques jours, il me dit qu’il m’aime !
Je pose mon verre sur la table de nuit et regarde ses seins où perlent encore quelques gouttes de sueur rosée.
Ouais, enfin, tu sais, on dit tous ça !
Je sais, je sais, mais chez lui, c’est sûrement vrai !!!
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Bonne amie, Beurre Hardy
« On appelle faiblesse les fautes des femmes qui ont une bonne réputation. Elles s’appellent scandales pour les autres »
Gérard de Rohan Chabot
Anaïs est hétéro, célibataire, frustrée. Elle n’arrive pas à trouver l’homme de sa vie, pas plus qu’elle ne parvient à être persuadée qu’elle ne veut pas qu’un seul et unique homme pour toute sa seule et unique vie.
Pour l’hygiène - c’est comme ça qu’elle le dit - Anaïs retrouve de vieux copains de Lycée ou de Fac avec qui elle baise vite fait "parfois bien fait", lorsqu’ils sont en "dîner d’affaire", en "réunion qui va se finir très tard" et, plus rarement, "en séminaire tout le week-end, décommande ta mère ma chérie". Pour elle, ils mentent à leur femme. Ca lui plaît, à Anaïs, ça la touche. Un peu.
Plus souvent, Anaïs et ses vieux copains sortent au restaurant et se marrent de leurs vieux souvenirs en buvant beaucoup trop.
Si elle avait pu supporter les femmes, Anaïs aurait eu plein de bonnes copines, hétéros, célibataires, frustrées. Mais Anaïs aime qu’on la baise, depuis toujours.
Elle aime le sexe des hommes.
Elle trouve qu’une bite c’est vachement beau, enfin, c’est au moins émouvant.
Surtout juste après que le type ait joui, quand la queue redevient molle, hésitante, rétractée, inutile et pourtant très sensible encore.
Anaïs me dit que c’est pour ce moment là, celui là presque uniquement, qu’elle baise. Tout le reste n’est qu’un décor plus ou moins sympathique.
Elle me dit : "regarde toi, c’est là, c’est maintenant !"
Et je vois mon sexe qui commence à retomber mollement.
Tu veux que je te suce ?
Non, non, tu sais bien que je dois rentrer maintenant !
Juste une mise aux poings
"Il n’y a plus d’après, à St Germain des Prés"
Jacques Canetti
Quartier latin, Monde Diplo en main, café Malongo, rue des St Pères, écharpe rouge "Mitterrand", j’ai tout de l’intello, je suis un intello.
Je ne joue pas, je suis.
Ici, je suis un tueur, une bombe !
Une jeune femme pas très jolie - mais au moins est-elle élégante - s’installe en face de moi et boit son expresso du mois, un Hawaï surprenant rond et tendre. Je la vois plus que je ne la regarde et me replonge dans les Mythologies françaises de Laplaque.
De temps en temps, je m’arrête de lire et allume une cigarette. Elle me regarde.
Je peux vous en prendre une ?
Oui, bien sûr !
Elle fume de la main gauche en tenant la cigarette très haute, entre index et majeur. Je lui fais un sourire, léger, sans commentaire, je déplie le Diplo et commence l’édito de Ramonet sur le nouvel Empire.
Vous savez, on me l’a déjà fait le coup de l’intello... Je suis un type profond, intelligent, un peu riche un peu de gauche, préoccupé par les choses du monde, alter ceci et mondialiste cela...
Et ?
Ca marche bien ! Avec moi, je veux dire ! La profondeur de l’homme qui lit est prometteuse, au lit. Vous baiseriez une imbécile creuse, vous ?
Bien sûr !
Quoi ?
Il n’y a rien qui ressemble plus au sexe qu’une belle idiote dont on ne connaît, et ne veut connaître, que le corps.
Vous êtes con ou quoi ?
Oui, peut-être, mais je suis con avec le grand Dumas qui, à propos de je ne sais qui, écrivait : "Elle était sotte, elle était comique, elle était désirable" !
Salauds !
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Syndicalisme tendu
Hasta la victoria, siempre
Che ?
Décembre 1995, tout le monde est en grève.
Devant ma télé, je compte les points contre ce gouvernement dont, de manière peut-être encore plus atavique que d’autres, je ne supporte pas la politique.
Des tonnes d’ordures s’amoncellent, les trains n’arrivent plus et ne partent jamais, les routiers bloquent les raffineries, plus une goutte d’essence, les écoles sont fermées, le bordel est absolu, réjouissant.
Le chaos est magnifique et je m’en frotte les mains jusqu’à ce que ma femme, mon admirable compagne, mon amante sublime, dépitée et dégoûtée, furieuse aussi, décide de débrayer à son tour et installe un piquet de grève, à l’aide d’une culotte allemande en fer trempé, inviolable, devant son con magnifique, empêchant toute entrée.
Ulcéré, je sais qu’il me faut agir.
C’est la lutte, finale...
Je descends à mon tour dans la rue.
Je m’arme d’une pancarte où mon courroux s’étale et je rejoins les cortèges joyeux et graves, hargneux et tendres à la fois. Je défile des heures au milieu de clins d’oeil complices et de rires cristallins.
Je n’ai pas vu le coup venir, pourtant, le matin suivant, je fais la Une de Libé. Oui, c’est bien moi !
Photo géante, cadrée, extrêmement nette, où l’on lit parfaitement ces mots que j’ai écrits en rouge sang : "Juppé, salaud, ma bite est en colère".
Je reste cloîtré quelques mois et, quand je sors, rarement, je porte passe montagne et lunettes noires. Puis je suis libéré par : "J’ai décidé de dissoudre ...". Merci Jacques ! Pour tout !
Miettes de la nuit au bord du gouffre ouvert
"L’important, ce n’est pas d’être saoul. C’est d’être complètement cuit !"
Jack Daniels - éleveur de champions
Auckland, trois heures du matin.
Très nettement éméché, un verre permanent à portée de la main, en plein jet-lag merdeux, je m’assieds derrière le piano de ce bar d’hôtel du bout du monde. Ce que joue ? Je ne sais pas. A l’oreille cela pourrait passer pour du Keith Jarret sans génie ou du Lyle Mays déprimé.
Il n’y a rien à foutre à l’autre bout du monde à part aimer une femme, boire jusqu’à sombrer, massacrer un crapaud.
De toute façon, je ne gêne personne. Je suis seul ou presque. La barmaid rêve maintenant de De Niro, affalée sur le zinc et les trois autres habitants de ma petite planète inspirent la pitié : deux types, des Tchèques, ou des Slovaques - je n’ai pas bien compris la différence et nous avons peu parlé tout à l’heure, en russe qui plus est - ronflent bruyamment dans un coin plus une femme en robe rouge, apparue de je ne sais où, qui s’approche de moi à petits pas chancelants.
Le lamé scintillant s’ouvre terriblement sur un décolleté plus large que profond, plus profond qu’évasé, d’où s’échappe un téton étrangement ... fluorescent.
Elle me mange des yeux, s’affale sur le Steinway et essaie de chanter mes notes malhabiles d’une voix étranglée et sauvage. En montant dans les aigus elle se met à tousser et vomit à grands flots sur les tapis précieux.
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Ite missa est !
« En même temps, si on était mort, on ne pourrait pas se plaindre de la vie »
Frédéric Beigbeder
J’ai mal. Un point noir me dévore la poitrine et vrille toutes mes sensations. Il avale ce que je peux être de mieux. Avec patience. Avec délice aussi. Avec un but. Cette douleur me tord.
Je souffre. Je dois m’allonger et ne plus penser à rien. Je dois m’endormir et me souvenir de tout. Rêver de tout.
Et puis tomber. Ne jamais plus me relever.
J’éprouve la plus grande peine à marcher. Cela me prend presque dix minutes pour aller de la cuisine au salon. Quelques mètres. Seulement. Pas plus.
Je marche à petits pas et je hurle chaque fois.
Je n’ai plus de bras gauche. Je n’ai plus de cœur. Je fais ma crise. Ma crise cardiaque.
Dans un dernier sursaut j’éteins les lumières. J’ouvre en grand la fenêtre. Puis je m’écroule dans mon fauteuil, encore un peu conscient, au fin fond de l’ombre.
Je sens que l’air est frais, que la ville vit. J’entends encore des bruits.
Sur le balcon d’en face, une jeune femme fume lentement, avec délice et application. Je la trouve très belle. Ses cheveux sont défaits. Ils encadrent son visage doux, régulier, baigné de soleil.
Mon ultime souvenir.
Je ne respire plus. Je dors. Je meurs.
La grande duraille
Je voudrais un 252 mais sans 23 et un 327 sans 12.
- Et un 69 pour finir ?
- Seulement par gourmandise, alors !
Je déjeune enfin avec cette fille splendide qui travaille habituellement par très loin de moi.
Elle arrache salement les membres de gigantesques gambas aigres douces en faisant de grands bruits. Un peu de sauce orange coule sur son menton. Elle la rattrape de la langue et continue son carnage.
Je la regarde être sublimement cruelle et voluptueuse à la fois, carnassière et gourmande.
Et je plonge !
Je la vois maltraiter mon pénis comme cette pauvre crevette qu’elle avale goulûment et croque avec plaisir. Je la vois se lécher ensuite les doigts, avec délicatesse et soupirs d’aise pendant que nous parlons la bouche pleine des mérites comparés du hammam qu’elle pratique et du sauna où je vais faire de la suée, avec un détachement certain, presque de la distance.
Peut-elle deviner que j’ai envie de la grimper comme le Galibier, en danseuse dans les pentes abruptes, de la visiter comme le Louvre un jour de gratuité, d’explorer l’ensemble de son patrimoine, chaque lieu, chaque salle, chaque pièce, tous les recoins, de la meubler comme un appartement neuf, de la renverser comme une crème Tatin, de la découvrir comme un Cortez rustaud, de l’envahir comme une Malouine, de l’anschlusser complètement et pour un
millénaire ?
Non, bien sûr que non !
Je suis là, badin et calme, lapant ma soupe 68 aux nouilles et raviolis, à lui parler de l’Islande septentrionale où l’on se baigne parfois dans des eaux bien trop chaudes et de la Norvège du nord où la neige est glacée.
Quel con !
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Madame M.
"Comment oses-tu parler d’amour toi qui n’a pas connu Lola Rastakouère !"
Serge Gainsbourg
M. déplaisait à tout le monde.
A TOUT le monde. Sauf à moi.
Je l’aimais pour des milliards de bonnes raisons que les autres ne pouvaient pas voir, ne pouvaient pas comprendre, que je ne voulais pas leur expliquer.
La douceur de sa peau, d’abord, ce grain si particulier, si personnel, attachant, sublime.
La chaleur intense de son bel intérieur, sa moiteur, sa saveur, qui n’attendaient que moi, venaient me chercher, me tirer, me sauver, d’une vie par trop sèche, glacée et inepte.
Et sa fougue et ses cris, et ses mots, toujours les mêmes, "je t’aime", en pleine extase.
Puis elle les murmurait pendant des heures entières en me caressant lentement, la tête posée sur ma poitrine, jusqu’à ce que je m’endorme heureux.
J’ai cédé.
Cédé à ceux qui demandaient "Qu’est ce que tu fais avec cette conne ?" ou avec cette "salope", cette "virago".
J’ai cédé. J’ai pleuré.
Depuis ?
Depuis, personne ne me caresse plus lentement, la tête posée sur la poitrine jusqu’à ce que je m’endorme. Mes nuits sont longues, interminables, absentes, malheureuses.