Lorsque je n’étais encore qu’une petite fille, j’aimais me promener dans la forêt nichée au cœur de la vallée entourée de collines là, où autrefois se dressait un château, splendeur passée d’une époque lointaine...
Seules quelques ruines avaient traversé les siècles, entourées d’un fossé où ne coulait plus qu’un mince ruisseau que les ronces et les mauvaises herbes avaient envahi. Parfois le vent se glissant entre les branches des arbres faisait entendre une douce musique presque un chant dont la mélodie surannée et mélancolique rappelait les temps anciens.
A cette époque, les armées espagnoles tentaient d’arracher quelques pouces de cette terre de vallons et de forêts, les yeux brillants de convoitise pour ces sols fertiles et riches.
De la belle Castille un chevalier venu guerroyer dans ces contrées perdues au côtés de son seigneur fut séduit par la grande douceur de la jeune comtesse d’Embry. Il aimait la regarder pendant des heures, ses longs cheveux de jais lui rappelait les femmes de son pays et ses yeux bleus le ciel immense et limpide qui avait bercé son enfance. Mais celle-ci le repoussa, fidèle à la promesse faite à son preux galant parti repousser les fiers conquistadors.
Alors l’orgueilleux castillan pour se venger décida d’attaquer le château afin de capturer la belle et de l’obliger à l’épouser. Le siège dura plusieurs jours puis la lutte fit rage et la forteresse fut incendiée.
Au milieu des flammes une silhouette se détacha, on la vit jeter un petit coffre dans les douves puis elle-même s’y précipita. C’est ainsi que la jeune fille périt noyée dans les eaux noires et glacées.
Jamais on ne retrouva son corps ni les bijoux qu’elle avait emportés avec elle dans la mort et pourtant quand la lune illumine les ténèbres, quand les chouettes ululent et que la forêt se fait murmure, une forme blanche vient errer entre les pierres et ses larmes se déposent en gouttes fines sur le lierre comme des perles de nacre...