Il y a ceux qui s’y préparent depuis six mois fixant le 31 décembre sur le calendrier comme un marin tombé à la mer regarde une bouée salvatrice se rapprochant un peu plus à chaque seconde. Et qui en entendant les douze coups de minuit sentent en eux monter une espèce d’euphorie.
A l’ami qui s’apprête à remplir leur coupe de champagne pour fêter la nouvelle année, ils répondent le plus sérieusement du monde : « non merci, je ne bois plus ! ». L’autre, stupéfait demande : « ah bon ? Et depuis quand ? » et là, les yeux rivés sur la trotteuse de la montre, la réplique tombe sans appel : « ben depuis 45 secondes ! »
Il en va de l’alcool, comme de la cigarette ou de toute autre chose impliquant une certaine accoutumance, un certain mode de vie. Généralement, cette bonne résolution ne dure que quelques jours, au mieux quelques semaines et dans le meilleur des cas un bon mois.
Puis, ils passent les cinq mois suivants à culpabiliser comme des fous n’ayant su respecter la promesse tenue se gavant de whisky ou fumant cigarette sur cigarette pour mieux oublier leur lâcheté. Mais soudain, c’est le flash, les vacances d’été arrivent et ils réalisent que d’ici six mois, ils auront une autre possibilité en or de se racheter.
Alors tels des sportifs de haut niveau, les pieds dans les starting-blocks et nanti d’un moral d’acier, ils se préparent aux futures bonnes résolutions de la prochaine nouvelle année.
Et puis, plus discrets, il y a ceux qui voient arriver la fin de l’année, l’angoisse au fond du cœur, la gorge nouée. Ceux-là ne se sentent pas prêts à abandonner une quelconque mauvaise habitude. Ils aiment leur vie comme elle est, mais ils savent bien que leur entourage attend quelque effort de leur part, alors ne souhaitant pas lire la déception dans le regard de ceux qu’ils aiment, c’est la mort dans l’âme que lorsque minuit retentira et que tous les yeux se tourneront vers eux espérant quelque parole magique, ils se feront petits, petits et balbutieront un ou deux engagements inaudibles. Et ceux-ci remettront au lendemain pendant 365 jours le début de l’accomplissement de leurs serments sous la vigilance courroucée de leur tendre moitié.
Pour éviter tout cela, faites comme moi cette année, je n’en ai choisi qu’une seule : ne pas avoir de bonne résolution !!!