J’aime les escaliers simples, en ciment ou en bois. Le bois qui craque sous les pieds lorsqu’on pose le pied sur une des marches . Je me souviens avoir passé des heures à regarder mon père qui était menuisier, fabriquer des escaliers. La passion qui l’animait à cette époque . « Tu sais ma fille, les escaliers ne sont jamais les mêmes . Chaque plan est unique tout comme les habitants qui les recevront, cela demande de la réflexion . Il faut choisir le bois, l’amplitude. » je n’aurais jamais pensé écrire sur les réflexions de mon père à cette époque...
Je hais les escaliers roulants toujours peur de rater la marche. En montant ce n’est peut-être pas très grave mais en descendant, c’est la tête la première que je me trouverai au pied de cette horreur. Monter vers où ? Le ciel ? Je n’y crois pas, trop de souffrances, s’il existait, il y aurait moins de guerres et autres tragédies... Descendre dans les recoins de l’enfer ? Ah non alors ! Je connais parfaitement ce lieu , cela fait des siècles que j’y vis. Ce serait bien de monter jusqu’au palier et rester là, sans respirer, sans bouger, même pas un cil au cas où je me retrouverai de nouveau le nez dans la poussière. Aurai-je la force et le courage d’arriver à ce maudit palier ? Regarder le passé et l’avenir par la même occasion, je ne sais pas, je ne sais plus . Tout est bouché, trop de monde sur les marches à monter ou à descendre le chemin de la vie et l’escalier est étroit, de trop pour moi. J’ai besoin d’espace, de liberté. Papa, tu es parti. As tu pris ce fichu escalier roulant ? J’espère que non, toi aussi tu les détestais mais as tu eu le choix ? C’est drôle comme les escaliers me laissent dans un état second, un état où j’ai du mal à me retrouver tant mes idées vont dans tous les sens, sans rien pour les raccrocher, il n’y plus de rambarde pour poser mes mains et c’est ma trogne qui se retrouve toute chamboulée ...