Le vent, brise légère, fait trembler les lilas. L’air, comme suspendu, se remplit d’un parfum subtil et grisant. D’un souffle quelques fleurs s’élèvent vers les nues absentes, flocons de neige odorants et délicats, aspirés par l’éther céleste.
Mais soudain la blancheur immaculée des pétales se tache de perles rouges, larmes angéliques qui, comme une pluie douloureuse, s’abattent sur l’humanité. Sur la terre, les gouttes vermeilles se cherchent et se rejoignent pour former une armée de petits cœurs brisés. L’atmosphère est lourde, oppressante, irrespirable comme si l’univers tout entier voulait étouffer l’immondice funeste.
Mais je tairai votre peur et je tairai l’effroi de vos yeux effarés quand se tendirent vers vous les mains de vos bourreaux.
Je tairai l’indicible et l’abject, je tairai vos cris et votre silence.
Je cacherai le laminage de votre pureté et de votre candeur par cette ombre barbare affublée de bestialité et de cruauté.
Le vent, brise légère, fait trembler les lilas… Si loin et à la fois si proche, une cloche retentit lancinante et monotone dans mon cœur en tourment.
Enfants, dormez en paix !