Assis sur mon rocher avec les pieds dans l’eau,
Je reste là sans but précis
Je pense à toi naturellement
Mais je fais aussi un peu le vide dans mes pensées.
L’océan ressemble à un dévidoir de mots
Et les lettres flottent en surface.
Il y a une dominante pour les points d’interrogation
Plus nombreux par exemple que les points d’exclamation
Mais l’océan les mélange pour former de drôles de paires.
Il a du mal à reconstituer le puzzle des phrases
Car les mots les plus lourds tombent au fond directement
Alors que les plus légers s’envolent dans le vent.
Les voyelles sont plus douées que les consonnes
Elles nagent plus facilement
Certaines s’entraident pour ne pas sombrer
Comme les lettres O et E du mot Cœur
Qui depuis leur première rencontre sont restées amoureuses
Et leurs liens sont inséparables
Les L doubles prennent plus facilement le dessus
Car elles se prennent pour des oiseaux
Et dans un battement de 2L
Elles emportent le mot Elle dans les airs.
Se tenir droit comme un I n’est pas un avantage
Car il n’offre aucune résistance pour flotter
C’est la tête la première qu’il boit la tasse
Pour se retrouver lui aussi au fond de l’océan
C’est étrange car le mot Amie devient alors une Ame
Et le Lointain dure encore plus Lontan
Sans compter que toutes les terminaisons en Oir comme Espoir
Se transforment en Or
Au bout d’un moment les phrases ne veulent plus rien dire
Car les mots se mélangent trop et ils finissent par disparaître.