J’ai reçu ce matin une lettre de l’homme , mon homme, enfin... mon seul enfant agé de vingt ans. Il dit qu’il a trouvé un travail sympa, écrivain public, dans une tribu ce qui lui vaut un très bon salaire, comme s’il s’y connaissait là dedans, c’est son premier petit contrat et ce pour payer ses études . » Ouais tu parles pas fatiguant ce boulot, je vais lui en donner moi, un salaire et s’il ne rapplique pas très vite, ce sera le salaire de la peur, je vous le dit » mais qu’il a un problème , lequel ? Je n’en sais rien vu qu’une partie de la lettre est effacée... quelle idée aussi d’écrire au feutre et voilà Il me suffit peu de choses et je me fais des micro fictions et même des mégas ... Je marche, cours, je vole à son secours ...
Trois heures du matin, réveil brutal, plus moyen de me rendormir , » Aie ! Saleté de moustiques, foutez le camps, j’en ai marre d’être bouffée de partout », C’est rien ça va passer me dis-je et bien non ce n’est pas rien et non ça ne va pas passer , j’en ai marre de ce trou pourri au fin fond de la cambrousse, j’en ai ras la casquette de bourlinguer pour rechercher mon mioche et le ramener à la maison , je ne suis pas faite pour ça, moi, je suis faite pour la douceur ; la volupté, un instant d’abandon dans ma baignoire en lisant l’étranger, protégé de tout à l’ombre du vent comme s’il y avait du vent dans ma salle de bains. Bon d’accord, j’exagère un peu mais quoi , j’ai le droit et puis le fait de m’être mariée avec des baskets rouges ne font pas de moi une illuminée, si ? Ce qui est vrai c’est que je suis d’une connerie désarmante, il suffit d’une lettre à l’écriture bleu pâle pour que je défie les lois de la gravité quelles soient au premier ou second degré et forcément , je dégringole ... et me voilà perdue à supporter l’odeur du temps ou des piqûres de tans c’est aussi atroce et pas de traces de mon petit amour à l’horizon . Que je le retrouve pas avec une autre que moi , il ne sait pas ce qui l’attend et les nanas non plus « punir et surveiller « punir les nanas et le surveiller lui , non mais, c’est fini f-i fi, n-i ni et mon rejeton je le ramènerai même par la peau du cou s’il le faut ça je vous le dit.
Au bout de trois jours dans la moiteur de l’enfer, je l’ai enfin retrouvé dans un petit village du coté de la Camargue et son souci n’était pas grave, il n’avait plus de stylo bille et en cherchait un pour m’écrire sans que l’encre s’échappe sous la pluie.