Au ciel de mes désirs, les oiseaux blancs tournoient et dansent dans les nues un ballet éternel. Et ma passion se cambre comme un cheval fougueux et redonne à mes yeux l’éclat des jours anciens. La force m’envahit comme une source chaude qui concède à ma vie un répit attendu. Mais le passé revient me réclamant son du, il me saigne, me lacère comme pour se venger de l’oubli d’un soupir.
Sentirai-je encore la morsure du soleil quand l’été inondera d’azur les coquelicots fragiles ?
Aurai-je encore la force de tendre les bras à la vie submergée d’amour et de beauté ?
Aurai-je encore l’envie ? L’envie de dire oui aux illusions perdues retrouvées au hasard d’un regard croisé, aux chimères brûlantes de ma peau qui se fane au manque de ta peau.
Saurai-je encore te dire que je t’aime si mon cœur ne sait plus que mentir ?
Au ciel de mes silences, les oiseaux blancs se meurent d’incertitude. L’océan se retire pour quitter mon rivage et la lune se voile de crêpe incarnat. De ce monde idéal, de ce monde parfait il ne reste plus rien, plus rien qu’un petit tas de cendres que le vent disperse au gré de ses desseins. Il y avait tant à dire, il y avait tant à faire mais j’ai tant renoncé et je suis restée là, immobile, regardant s’échapper les derniers espoirs d’un rêve inachevé.
Dans l’incendie qui ravage mon âme, les grands oiseaux de nuit ont brûlé leurs ailes et se consument comme le temps qui passe et s’éternise, me brisant un peu plus chaque jour.