La cigarette au bord des lèvres, il arpentait la rue avec un petit sourire de satisfaction.
C’est qu’il en avait rêvé de ce moment là ! C’est qu’il en en avait tiré des plans sur la comète !
Des jours de préparation, des heures d’acharnement pour trouver le maillon faible et un jour, un jour enfin, tout se combinait à merveille comme un rouage bien graissé.
Alors il lui fallu prendre le temps de programmer cet ouvrage sur son agenda. Ce serait pour jeudi en huit !
Au petit matin, il prit une bonne douche en soignant son corps , se coupa les ongles et se frotta au gant de crin. C’est qu’il fallait être impeccable, il fallait bien présenter !
Le petit déjeuner ne fut pas très copieux, mieux valait ne pas trop se nourrir pour bien garder sa tête à soi..
Enfin il s’habilla d’un élégant costume noir, d’une chemise blanche et d’une cravate tout aussi noire que le costume. Face au miroir il s’y reprit à deux fois pour la nouer et remarqua au passage quelques petites rides aux coins des yeux :
« Les prémices de l’âge mur .. » se dit-il en plaisantant.
Puis ce fut le moment de partir. Consciencieusement il verrouilla la porte d’entrée.
Pendant toute la durée du trajet il se répéta ce qu’il devait dire et ne pas dire, l’attitude qu’il devrait adopter selon celles de ses interlocuteurs, tout ce qu’il avait imaginé pour que cette situation tourne à son avantage, ses positions, ses arguments, exactement comme dans ses projets bien huilés.
Maintenant il souriait arpentant la rue, la cigarette au bord des lèvres. C’était fait et ça avait fonctionné à merveille.
Maintenant il pouvait effectivement faire des projets, maintenant il allait sans aucun doute faire des rêves bleus.
C’est en arrivant en bas de la rue , au carrefour, que la balle vint lui trouer la tempe. Il s’affala sur le sol, sa cigarette roula dans le caniveau.
Au loin les sirènes de police retentissaient et des hommes armés encerclaient la banque.
Maintenant, il ne rêvait plus…