Les yeux des femmes

Aujourd’hui, il pleut.
Pour tuer le temps, je regarde ce vieil album où tu aimais coller les photos, le livre de ta vie, disais-tu. Entre les paysages, les couchers de soleil et le visage de ceux qui avaient une place dans ton cœur, je découvre une photo de toi que j’avais prise le soir de ton anniversaire.
Je n’avais jamais réalisé à quel point tes yeux étaient tristes, j’aurais du le voir et pourtant, je vivais à tes côtés sans te regarder.
On devrait toujours regarder les yeux de ceux qui nous entourent ; amour, amie, mère, sœur. Les yeux des femmes sont un miroir où se reflète leur âme. Plus fort que toute parole, plus fort que tout geste, les yeux sont le révélateur de leurs manques et de leurs attentes. Avant je l’ignorais, maintenant je le sais, mais pour toi il est trop tard.
Il me suffisait de penser que tu ne manquais de rien pour avoir bonne conscience, jamais je n’aurais imaginé qu’il te manquait l’essentiel. J’ai beaucoup travaillé, j’ai beaucoup voyagé mais si je t’ai souvent dit que je t’aimais, je ne te l’ai jamais vraiment prouvé. Cette sacro-sainte pudeur certainement que mes parents m’ont si royalement inculquée. J’aurais du te prendre dans mes bras plus souvent, te chuchoter à l’oreille quelques mots d’amour, quelques mots tendres
Nous parlions encore il y a quelques mois de nos prochaines vacances au soleil, ça y est, je suis en vacances depuis hier mais je suis seul à Paris sous la pluie. Demain, je porterai un bouquet de lys là dans le jardin de marbre où tu reposes. Hier, j’ai commandé un bouquet de ceux que tu préférais, les lys blancs si parfumés que tu avais eu tant de mal à abandonner lorsque nous avions quitter notre grand jardin londonien. La fleuriste a souri et m’a dit que les lys blancs étaient toujours les fleurs préférées des femmes fragiles et amoureuses.
Je n’ai pas répondu, mon cœur s’est brisé un peu plus et je suis rentré chez nous au milieu du silence.
Je regarde le ciel et je lui crie mon amour mais l’écho de ma voix me répond qu’il est trop tard, alors je pleure.