Belle-Maman,
Honnêtement je ne pensais pas revenir discuter un moment avec vous mais vous connaissez suffisamment le caractère de votre fille que j’ai eu le tort d’épouser. Elle doit, pour vous avoir fréquenté quelques années, tenir de vous. Vous en conviendrez. Ne voilà t-il pas qu’à l’instant elle vient de m’accuser d’avoir jeté vos cendres ! Incinérée certes vous êtes, dispersée point encore car (vous deviez vous en douter) elle a eu d’autres priorités que de s’occuper de vos restes. Alors l’urne dans un sac plastique d’une marque que je tairai trône au milieu des chaussures dans le sous-sol de cette maison où j’ai la faiblesse de demeurer.
Par je ne sais quel hasard, une paire de bottes a dû passer devant vous sans se prosterner et, en tout état de cause, vous a dissimulée à la vue inquisitrice de votre héritière. Remarquez au passage qu’elle pense (parfois) à vous puisque ceci la perturba suffisamment pour qu’elle vint m’agresser malgré notre pacte d’indifférence.
Permettez-moi de vous avouer que je ne vous veux aucun mal au point d’aller m’en prendre à vos restes même si je me dis que vous seriez mieux au fond du lac qui vous a vu naître comme vous en fîtes la demande à l’ultime moment. Mais voilà la vie s’écoule même pour vous d’en la plus totale inquiétude. Alors, je vous en fais la demande (si vous m’entendez et pouvez exceptionnellement y apporter remède) assurez-vous que votre fille se soucie dorénavant de me laisser en paix, tout comme vous savez depuis peu très bien le faire.
Recevez, Belle-Maman, l’expression de ma sympathie.