J’aimerais aspirer à l’imprévisible plutôt que de vivre ma vie de chialousarde, à attendre mon petit trépas dégueulasse, me dire moi aussi je n’ai rien à perdre. J’essaie de garder une ligne de conduite puis j’ai le sentiment d’avoir tout faux.
Je vis ma vie par écran interposé, cloîtrée, ne sortant plus. Pour aller où et pour faire quoi ?
Je n’ai rien, je suis petite, si petite, noyée dans la masse. Alors j’écris, comme toi je parle à l’invisible, ‘au miroir’, à l’autre celui qui me tendra la main et ne la lâchera plus, je blanchis le papier.
Parfois j’envoie un message comme une bouteille à la mer, un S.O.S et quand il n’y a pas de réponse, je sens le poids de la solitude peser un peu plus sur les épaules.
Je me dis à quoi bon. Pourquoi insister, pourquoi me battre pour les autres comme je le fais et détruire ma vie propre. Qu’est ce que j’y gagne ‘rien’, si ce n’est mettre mon ‘moi’ entre parenthèse, voire en danger.
Ne pas exister, n’être là que pour les autres pas pour ‘soi’ ‘je me sens responsable’. Il est possible que je sois grave de dire, d’écrire et de penser cela. C’est ce que l’on m’a inculqué, enfant. Sans doute ce mot m’a-t-il marqué à vie comme un fer rouge ? Responsable, tu es l’aînée, c’est à toi qu’incombe la charge de...
Depuis je ne vis plus, je me suis oubliée peut être que je me suis perdue quelque part et que là je me cherche.
Je n’ai rien et je ne suis rien alors comment aider les autres ? Les mots sont ils suffisants ? Non, il faut aussi des actes.
Dans mon petit coin, mes quatre murs, j’écris, je pleure, je ris, je me sens cassée avec ce sentiment de ne pas réussir à me réparer. D’être au bout du bout, d’avoir fait le tour de mon moi et des autres, de ne plus rien attendre, d’avoir mal quelque part, profond, trop profond et de m’enfoncer alors dans le gouffre de l’oubli.
Je crois que tout ce que je fais n’a pas de sens. Envie de me cacher et que tout s’arrête avec le sentiment amer de ne pas avoir été au bout de la mission, d’en avoir perdu le sens, d’avoir dévié de la route, de m’être perdue moi-même et de me détruire tout doucement, inexorablement.
Qui suis-je ? Que suis-je ? Juste un grain de sable dans la machine infernale de ce monde qui ne prête qu’aux riches. Un petit bout de femme qui donne, qui se donne pour une cause sans doute vaine.
Je connais des frileux qui tourneront le dos et déserteront cette page. D’autres qui viendront me réconforter de leurs mots mettant du baume au cœur sur mes maux. Est-ce que ce sera suffisant, je ne sais ?
Parfois j’aimerais un clone de moi pour mettre les bouchées doubles. Le clone resterait cloîtré et moi je sortirai de ma coquille pour voir le monde et ne plus en avoir peur. Pour dire que j’ai grandit, que j’ai passé la barrière et me suis surpassée, allant au-delà de tout. Encore et encore je puiserai de l’énergie au fond de mes tripes pour éviter de sombrer, de couler, de m’écrouler. Qu’on se le dise, je n’ai pas encore écrit le mot FIN