Amis,
Je dois vous faire un aveu, j’en ai ‘un peu beaucoup’ marre des ‘Moldus’, de tous ces gens peureux de leurs illusions, de leurs rêves, de crainte sans doute qu’ils ne s’avèrent plausibles et risquent de bouleverser leurs vies calfeutrées, leur routine ronronnante, leur confort de voyeurs préférant l’aventure des télé-réalités à celle, plus périlleuse, qu’ils pourraient vivre en s’ouvrant à l’inconnu (dans tous les sens du mot, l’homme ou le monde).
Car il faut bien reconnaître, mes amis, que l’aventure moderne est bien moins grandiose ou spectaculaire, en général, que celles vécues par Grand-papa Sapiens ou tous ces heureux qui, comme Ulysse, ont fait de longs voyages.
Si pour les sorciers de Hogwarts (Harry Potter), les Moldus sont ceux qui ne le sont pas ; pour moi, ici, ce sont tous ces gens qui ne croient pas, plus, à la magie des contes de fées.. dans le sens où ils hésitent à poursuivre leurs rêves... (à vivre leurs vies ?)
Une précision cependant, je ne mêle pas aux Moldus ceux qui en sont empêchés pour des raisons objectives : le deuil, la rupture, la santé, la dépression....
J’associe au nom ‘Moldu’ celui qui n’ose pas, qui musèle le songe ou qui n’est pas ouvert à la « fantaisie » et à la « fiction ». Parce que, « vois-tu, mon vieux, rêver sans y croire ne sert à rien ».. Pauvre Moldu... et si « rêver » était autre chose que « réussir »... ? Mais n’anticipons pas.
Je pourrais tomber dans le cliché : une vie sans rêve est une tarte à la crème sans Bernard-Henri. Mais bon, vous découvrirez aussi que je suis assez remonté contre ces clichés qui nous pourrissent le libre arbitre.
Moi, voyez-vous, je ne veux pas que mon fils, un jour, me dise : « tu avais, enfant, plein de rêves... qu’as-tu fais tout ce temps ? » et ressentir à ce moment le serpent glacé des regrets frissonner dans mon dos...
Que ceci soit très clair entre nous : Je ne prétends pas être « meilleur » ou « plus » qu’eux, je revendique farouchement le droit d’être « différent », d’aborder la vie avec un autre regard !
Et je sais que là nous allons nous retrouver les uns et les autres, vous qui partagez librement vos émotions, quelles qu’elles soient, sur ce site... qui en devient magique... par l’écriture, l’échange de belles lettres et de bons mots...
Je m’efforce de préserver, naïvement vous diront certains, le regard à la fois candide et incrédule, que je pose sur le monde et les choses de la vie...
Plus ou moins rigolote, la vie, cyclothymique et trop souvent aliénante, non ?
Alors vive la magie de l’écriture dans ce qu’elle a de libératrice, de salvatrice, dans ce qu’elle nous offre comme évasion de ce monde triste et gris qui ne peux jamais complètement me (nous ?) satisfaire, moi qui rêve de complicité, d’échange fusionnel, de tendresse, d’invisible, d’infini...
« Découvrir, c’est voir la même chose que tout le monde et penser autrement » disait, vous vous en souvenez certainement, Albert Szent-Györgyi von Nagyrapolt, oui, oui, le prix Nobel de Physiologie en 1937.
Franchement, est-ce un crime de réinventer la réalité pour échapper à la mesquinerie et à la médiocrité des sentiments égoïstes de cette vie qui, entre nous, pue un peu en dessous des bras ? trop de compromis, tant d’hypocrisie...
Je revendique le statut de va-nu-pieds qui sait qu’il n’est que de passage et qui essaye de ne pas se laisser trop broyer par le regard pesant des Moldus, sachant à quel point ils se trompent sur son compte, mais qui n’en veut à personne à cause de cela. En définitive, je me fous de leur avis qui te condamnent sans chercher à voir plus loin que le bout du nez rouge que je me mets pour me protéger...
Leurs certitudes, comme autant de limites, sont des matraques destinées à taire ton insouciance, ta naïveté, ta soif d’aventure & de découvertes....
Les préjugés, les avis éclairés mais à l’emporte pièce, les a prioris et autres partis pris, les idées préconçues par d’autres, si bien intentionnés, et dont on ne sait quoi faire, tout cela m’écœure. Pas parce que cela me condamne, non, cela je m’en fous, mais cela m’arrache le cœur et m’écarte des "valeurs" du monde actuel auquel j’ai, de plus en plus, de mal à adhérer..
Je suis fou ?
Sans doute un peu, sinon pourquoi tout ça ?
Pourquoi ici et maintenant ?
Mais eux, qui sont-ils pour juger ? Ce sont eux qui m’ont poussé dans cette voie avec leurs préjugés et leur vie soumise aux clichés. Parce qu’il y a cela aussi : le conditionnement et les clichés et c’est sans doute ce qui explique la compassion que je garde malgré tout.
Drôle de réalité avouez... le dénuement des gens qui s’y accrochent à tout prix et qui s’interdisent toute extravagance. (C’est un constat, pas une vision pessimiste ou fataliste du monde). Vous avez certainement vous aussi constaté à quel point ceux que nous croisons s’interdisent « l’imagination »... et avec quelle maestria ils parviennent, à force de tripoter les mots, à justifier leurs choix, leur existence...
« je pense donc, je suis » Pfffff ! Oui, Pfff ! pour moi qui prétends ne pouvoir exister que dans la tendresse et l’amour...
Alors plus que les gens qui ont raison, j’aime les gens qui ont envie...
Que les autres passent leur chemin !
Qu’ils passent leur chemin ces Moldus, ces "cœurs-forts" (le mien est trop gros, trop mou), ceux qui pensent que l’imagination doit être muselée... « bien trop dangereux ça Monsieur », des fois que cela donnerait des idées de liberté et d’aventures aux enfants ? Des fois qu’ils seraient amenés à revoir leurs positions, à remettre en cause leurs choix, leurs convictions, la pertinence de leur « conditionnement »... ?
Parce que nous sommes tous conditionnés depuis notre plus tendre enfance, c’est un truisme que de le rappeler...
« Quoi ? »
« Oui, je dis bonjour à la dame en retirant les doigts de mon nez ! Un moment quoi !? Pas fini de me découvrir, moi ! »
Pause sérieuse (c’est le moment de faire ce que vous avez à faire, c’est aussi ennuyant que la pub..) : Nous sommes tous prisonniers d’un système logique qui, depuis Socrate et renforcé par Descartes, ancre des attitudes et des modes de pensée qui sont autant de verrous à lever pour retrouver plus de spontanéité et de créativité. A ce propos, savez-vous qu’alors que tout le monde le réclame (« pour gagner l’entreprise, l’Europe doit être flexible et créative ») ce dernier concept reste flou et récent : en 1970 le terme créativité n’existait pas au dictionnaire de l’Académie Française. Il reste empreint d’un sentiment d’insécurité lié au fait qu’il signifie, pour bon nombre, improvisation, originalité, imagination (voire liberté, quelle horreur !). Partant, il est plus communément associé à l’expression artistique, à la recherche scientifique ou encore à la publicité, qu’à l’entreprise et à son organisation, mais également, reconnaissons le humblement... à nos vies, enfermés dans l’approche analytique, taisant (trop) souvent notre intuition et nos émotions...
Revenons (l’êtes vous ? fin de la pause !) aux Moldus qui n’ont eux, pas le « don » de se dégager des clichés et restent focalisés sur des idées fixes du genre :
« On sait ce qu’on a, on ne sait pas ce qu’on peut trouver » Quoi ? Dans le sens perdre ?
« C’est quand on ne s’attend à rien, que cela arrive » ...alors forcément cela ne pousse pas à l’aventure...
Sénèque (+/- 4 av.J.C.) disait : « ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas... c’est parce que nous n’osons pas qu’elles paraissent difficiles... » et l’on prétendra encore avoir évolué ?! Laissez-moi rire... mourir de rire... mourir tout court tant qu’on y est, tiens !
Pas convaincus ? Voici d’autres verrous (non exhaustif, ce serait trop long, juste quelques classiques) : « Il ne faut pas se tromper » ... Alors on préfère ne rien faire et si c’est dans l’erreur que se trouve une partie de la vérité ? le nombre d’inventions nées de bêtises, hallucinant ! ...
« Je n’y connais rien » Quoi ? Trop con que pour apprendre, expérimenter et découvrir ?
« Jouer n’est pas sérieux » sans commentaires... c’est de là que tout commence, pauvre bébé mal fini ! « Ce n’est pas logique » ... la logique n’est pas vraie : elle est, au plus, avantageuse et rassurante... Dugland !
Heu, pardon... maudites émotions que je ne parviens plus à museler..
Des faux, qui deviennent véridiques à force de se les ressasser, inventés par qui, pourquoi ?
Destinés -peut-être- à ce que personne ne sorte du rang, n’essaye rien, jamais, ou alors si timidement qu’il ne risque pas grand chose, ni dans la perte, ni dans le gain, destinés à ce que chacun devienne ‘accro’ à la norme, à l’obéissance, rassurante, au lieu de tenter le voyage, la fantaisie, la création...
Pauvres Moldus... je les respecte (on ne se refait pas !), mais ils me tuent et j’en ai pitié, aveuglés par la réalité, préférant le tangible à ce que leurs yeux pourraient voir au delà des œillères qu’ils acceptent ou qu’ils se mettent, s’ils en ont conscience..
« Faut rester dans le concret, les pieds sur terre, le reste n’est qu’illusion, tu comprends mon vieux, un tiens vaut largement plus que deux tu l’auras.. »
Encore ces clichés qui m’écorchent et m’assassinent !
Et l’on s’étonne alors qu’en fin de journée je retrouve ce spleen, chaque jour plus fort,
tant d’artifices, d’énergie et de créativité gaspillées à se protéger, tant d’impostures...
Moi j’invente tout et j’emmerde la réalité, elle m’est devenue insupportable, mais bon je sais aussi que je dois accepter les contraintes au risque de me retrouver moi-même camisolé.
N’empêche, ça me fait un mal de chien.
Outre le manque d’imaginaire, il y a aussi l’égoïsme qui me terrorise, comme si ‘donner’ implique inévitablement ‘perdre’...
Mais le pire, Ami, le pire c’est ne pas oser dire « je t’aime » ou ne plus savoir ce que cela signifie, ou ne pas comprendre l’importance de le répéter souvent.
Pauvres cœur-forts, le mal qu’ils me font avec leurs certitudes... ces gens qui pensent tout savoir, tout avoir, leur suffisance, leur orgueil, la confiance en eux qu’ils portent et claironnent haut et fort, la démesure de leur orgueil et cette ambition de ‘posséder’... tout cela m’énerve, m’écœure..
Clair qu’ils me désespèrent ces Moldus, mais bon je dois avoir une sorte de vocation qui me pousse à vouloir les distraire de la ligne droite qu’ils suivent -les yeux baissés- et par-là les amener à découvrir ce qu’ils ne connaissent pas d’eux.. Il semblerait que j’ai le don de démasquer les faux-semblants, d’élargir les perspectives, de recadrer la vie sous son plus bel angle en gommant les à-peu-près, les scènes de ménages et les mornes peines...
Et ils le savent ces profiteurs. Alors ils en abusent : « viens voir ma chérie, viens voir le drôle de petit bonhomme qui a un cœur trop grand pour lui tout seul, tellement qu’il s’y perd et qu’il se croît obligé de le partager ». Je m’y suis fait, je leur propose un miroir, je les conforte dans le cliché que le bonheur est pour demain (notes que ça n’engage à rien et que ça va avec tout..).
Bien sûr je ne trompe personne de censé, le miroir est effectivement truqué.
Lâcheté ou complaisance ?
Même pas vois-tu, il ne s’agit pas de cela, juste l’envie d’essayer de les faire rebondir ou réagir, de réveiller leur curiosité.
C’est mon métier, je dois assumer... alors je me dis qu’il ne faut pas que je sois agacé quand les gens disent des choses très banales, très impersonnelles.
Mais ce qui est affligeant, Ami, c’est qu’en décapant le vernis, je constate que bien souvent ils ne veulent pas réellement s’ouvrir ou se découvrir des talents cachés.. ils se contentent d’imaginer ce que leur vie pourrait être, sans oser franchir le pas...
Et c’est moi qui suis censé être fou ?
Ils me fascinent ces Moldus refusant les évidences, incrédules devant leurs propres caractéristiques pourtant savamment disséquées, incapables de croire en eux !
Si c’est pas désespérant ça Madââme ! Pauvres Moldus aveugles de leurs propres vies, niant leurs rêves pour un confort illusoire, rester dans le rang ne pas faire de vagues, rien ne peut changer, jamais, jamais, « trop risqué tu comprends mon vieux » et je continue à me battre contre des moulins à paroles qui ne cherchent qu’à se justifier en oubliant de jouir de leurs émotions, de suivre leurs intuitions...
Pauvre handicapé du rêve et de la vie ! Marche à l’ombre ! Toi qui ne sais plus frissonner de la symphonie d’un champ au printemps, toi qui ne vois pas les fleurs de cotons que le ciel s’échine à te fabriquer pour rendre ta vie plus douce...
Le pire c’est quand je veux exprimer à mon tour mon spleen, y a plus personne.
Sous prétexte que je souris malgré tout, ils font mine de ne pas me prendre au sérieux !
C’est un défaut de naissance... J’ai retrouvé dans un album de photos d’enfance un petit carton avec ces mots : « prix de bonne humeur », il m’a été attribué au jardin d’enfant ! Si ce n’est pas de la prémonition, ça !? Le nez rouge...déjà... décidément, oui, sourire, malgré tout, coûte que coûte, et puis, n’est-ce pas la plus jolie manière de montrer les dents au destin et de faire la nique aux imbéciles heureux ?
Ces Moldus... tu leur prêtes l’oreille mais ils ne te reconnaissent pas le droit au doute !
Moyennant quoi je fais de la parano en plaque et des grossesses nerveuses. Je me calfeutre dans ces rêves, ces visions qui me sont indispensables comme un remède qui me permet de colorier la réalité d’une dimension fantastique et stupéfiante, qui me conduit à m’inventer ces contes à dormir debout.
Un refuge, plus qu’une fuite, qui me permet de découvrir d’autres vies, d’autres mondes, de nouvelles émotions moi qui ne vis que par elles.
« Regardes le, cet éternel rêveur » ou encore « Quand vas-tu grandir ? » ça c’est ma mère, je l’adore même si elle ne comprend toujours rien...
Je vis en parallèle, en cultivant ces différences qui leur font si peur. Je me sers de leur réalité pour y faire mon trou tout en me protégeant d’eux, je ne suis pas « en marge » ce serait m’exclure pour de bon et cela c’est trop, juste à côté mais présent, capable de participer au cirque, mais en amateur, pas en victime.
Difficile pour eux d’accepter que ma seule ambition soit de déambuler en zigzag, profiter de cette existence jusqu’à la suivante, de rencontres en rencontres, alors qu’ils foncent rectilignes et têtes baissées, je veux moi tutoyer les limites de la vie, m’enrichir des émotions, partager...
Fou ? parce que je cherche à rester éveillé ?
Alors, voilà, maudits Moldus, que vous ne croyiez plus au Père Noël, libre à vous, mais ne venez jamais pervertir la pureté de « l’être » et le rêve des enfants !
Vous n’êtes que des castreurs de chimères, des empêcheurs de rêver en rond, des briseurs d’illusions, des broyeurs d’utopies, des cancers à songes, des automates de la vie et en ce sens, oui, je vous hais !
Ne vous approchez jamais, jamais, de mes fantasmes, et tant pis s’ils ne sont que mirages, ils sont avant tout mon moteur, mon air, mon eau.
Moi j’aspire à l’imprévisible et en adoptant résolument cette ligne de conduite, je sais que toutes les destinations ou les personnes que j’atteindrai seront un nouveau mystère, de nouvelles portes à ouvrir et que cela sera sans fin....