Loulou,
Tu te sens parfois à l’étroit dans votre ’nous’ dès lors qu’il n’y en a que pour lui, comme un enfant supplémentaire mais à l’égocentrisme tout aussi tyrannique, si pas plus jaloux.
Tu as des difficultés à te positionner par rapport au regard de ton autre, celui des autres, tu hésites à te dévoiler, craignant que l’on abuse de ta sensibilité, ne pas montrer tes émotions comme si elles te rendaient vulnérables, comme si elles étaient inavouables dans ce monde de malvoyants, incapables qu’ils sont de voir au-delà des apparences, au-delà du masque qu’on leur jette à la face et en pâture juste pour qu’ils nous foutent enfin la paix !
Moi, je m’en fiche de l’avis des autres. Et je n’ai jamais compris, alors que je ne le leur demande pas, pourquoi ce malin plaisir qu’ils ont de me leur donner quand même..!
Quels ‘fils-d’individus’ ces Moldus, à relever mes faiblesses, mes excès, à me conseiller, à me juger...
Et quoi ? Est-ce là la seule manière qu’ils ont de me montrer que je compte un tant soi peu pour eux ? Qu’ils m’aiment, malgré tout, encore un peu, un peu quand même...?
Bande d’ornithorynques-rauques* ces oiseaux là, avouez : pourquoi s’échiner à prétendre apprécier un mec à qui ils ont tant à redire ?
Hihi Les pauvres !
*Ou des "wombats" peut-être ? Vous savez, ces animaux australiens patauds et gris, au poil rugueux, qui n’ont pas de queue (les miens manquent également de quelque chose, vu le cran qu’ils démontrent...), mais qui possèdent des dents broyeuses (les miens aussi...).
Pourquoi est-ce si important pour toi le regard des autres ? De quelle lignée de médium seraient-ils issus pour voir en nous ? Nous qui avons déjà tant de mal à nous comprendre !
Ne trouves-tu pas inacceptable l’idée qu’ils puissent y parvenir mieux que nous ?
Bien sur que non, tu vois que j’ai raison..!
Loulou, tu es tellement...
Et surtout tellement plus que ce que tu as fini par croire,
tellement plus que ces moldus ont fini par te faire croire...
Tu sais, au fond, ce que tu es, ce que tu vaux... alors ne laisse jamais des gens qui sont dans l’erreur t’y entraîner et semer le doute en toi, jamais !
Confidence sur l’oreiller (ou, plus sage, au creux de l’oreille) :
Je repense souvent à tous ces réveils hantés par l’unique obsession de trouver le moyen de consolider notre amour pour qu’elle accepte de rester.
Le regard/miroir de mes amis me renvoyait une image bien misérable, bien pitoyable, non seulement j’aimais cette jeune femme, mais en plus je prenais sa défense alors qu’elle voulait me quitter, puisque sa tête refusait de suivre ce que lui dictait son cœur.
Larmoyant, défendant, "Pourtant elle m’aime, je t’assure, je le sais, elle me le répète encore, elle me le montre à chacune de nos rencontres. Elle ne peut pas, vous comprenez, c’est ça qui est terrible, elle pense ne pas en avoir le droit, ne pas être capable d’affronter son propre cercle familial et amical... Elle ne parvient pas à gérer le paradoxe antinomique des différences qui nous rapprochent et nous éloignent dès que le regard des autres s’en mêle..."
Aveugle amour, clairvoyant peut-être aussi...
Comme tout ceci est navrant et déchirant...
J’ai souvent répété au peu d’amis communs et complices, que je ne pouvais la juger... comment pourrais-je savoir ce que c’est d’être une jeune femme qui ne voit plus que les obstacles à l’amour que nous avions pourtant l’un pour l’autre ?
Idée fixe, tournant à l’obsession, la convaincre que la "moralité" et le regard des autres, peuvent se tromper, que l’amour peut triompher de la bêtise, de l’hypocrisie...
Mais, non, l’empreinte de l’éducation est trop profondément incrustée au cœur de nos chairs sans doute, et elle n’avait pas le recul que j’avais avec quelques années de plus qu’elle...
C’est une énigme pour mon entourage que cet amour que les autres ont tant de mal à comprendre. Ils acceptent, semble-t-il, mal ma spontanéité (ma naïveté ?), incapables qu’ils sont de comprendre que lorsqu’on me dit "je t’aime" (sens large, amical également), ben moi j’y crois... et je me remplis goulument de ce qu’on m’offre, je me remplis d’elle sans plus écouter ce moldu (qui se prétend mon ami) me dire "Pas touche, Fred, pas pour toi.. Tu vas encore te ramasser...".
N’écoute personne, amie-à-moi, personne !
Et laisse parler ton cœur, il sait lui ce qu’il faut faire et avec qui...
Les gens n’ont aucune générosité, aucune mansuétude, aucune compréhension de ce qui dépasse leur propre bulle, c’est pour cela qu’ils se trompent et qu’on connaît d’avance leur réaction : inappropriée !
Qu’importe l’avis des gens, de ces "on" avec ou sans "C" (avec surtout) : "Elle ne t’aimait peut-être pas assez..." ?
Et alors, pauvre moldu-à-roulette !? Et alors ! N’en a-t-elle pas le droit ?
"Tu vois, Fred, avec tes rondeurs (ndla : je les hais), elle cherchait simplement une bouée..., s’accrochant à toi pour ne pas sombrer, se ressourcer et repartir... c’est un parasite cardiaque cette fille là...".
Et alors, Moldu-du-mou !? Primo qu’est-ce que ça peut te foutre !? Et, deuxio, en quoi est-ce interdit !? Et si j’aimais, moi, être une bouée-à-cajoler !? Et si j’espérais, moi, l’emmener par delà le cap de désespérance ? Et si l’espoir de la distraire pour la garder m’aidait simplement à revivre, moi !?
Quel désarroi, quelle dinguerie, Loulou !
AU SECOURS, LOULOU !
Comment aider ces cœurs-forts à prendre conscience que le cynisme qu’ils affichent ne traduit que leur propre détresse affective et leur manque de lucidité !??
Au fond, c’est toi qui a raison, faut jamais révéler le trop plein de sentiment qu’on a en soi et qui nous ruine dès lors que les moldus sont à court d’idées pour appréhender toute réalité qui n’est pas à leur échelle (marche pied est plus approprié, vu la hauteur de leur regard, leur attachement à des valeurs matérialistes et lâches, des valeurs "pâquerettes", de celles qui poussent dans les bouses...). (oui, je suis en colère, ne m’ont-ils pas brisé le plus joli des rêves ?).
Pas leur montrer, on sait jamais comment ils vont essayer d’en tirer parti... Ou plutôt, on le sait trop bien : ils vont nécessairement en abuser !
Et quoi ? Et si elle m’avait fait croire qu’elle ne m’aimait plus pour éviter de gérer le conflit entre son cœur et sa raison ? Tu ne voudrais pas, en plus, que je lui en veuille d’avoir cherché à se protéger..! C’est respectable ça, non ?
Hésiter à tout risquer, tout bouleverser, malgré le doute et la douleur, c’est humain ça, non ?
C’est pour cela que je me ferme à la plupart des gens : ils se mentent et finissent par te mentir.
Tu vois comme je suis ?
Tu me demande de m’ouvrir... Ben faut assumer maintenant !
Je vois une belle âme, sensible et tout, et ça me monte à la tête !
Et après, j’te dis pas, les retombées !
Marre de gens qui te prétendent que tu n’as pas confiance en toi alors que... c’est en toi qu’ils n’ont pas confiance..!
Alors tu fais semblant d’être fort, d’être un autre...
Celui qu’ils attendent, eux ?
Et quoi encore !
Non juste un nez rouge, qui tient à distance les moldus, une arme fatale, crois moi...
Et rassures-toi, t’es pas la seule à sourire de détresse...
Au secours, Loulou !
Comment dois-je faire ?
Qu’est-ce que je peux faire ?
Dois-je me manger pour leur échapper ?
L’important, ce soir, Loulou, c’est que tu prennes conscience, toi qui me dis "je t’aime" en totale amitié, que moi aussi je suis déchiquetable. Que je me suis souvent trompé, que je n’ai pas trouvé ce que je cherchais, que je n’ai pu que survivre... mais que je continue à chercher et à espérer.
Bien sûr j’exagère un peu... et alors ?
Est-ce interdit de vouloir apporter un peu de fantaisie sur cette terre à terre ?
Voilà,
des images qui se chevauchent et qui sont ma vie,
cette pièce vide,
cette tête sans pensée,
ou si peu,
ou si faiblement que ça ne compte pas,
que rien ne compte plus,
Pouce !