Ne t’aventure pas plus loin promeneur car là où tu iras se trouvent des dangers que tu ne peux pas imaginer !
Mon regard suit les hanches chaloupées de la demoiselle du rez-de-chaussée.
Je la dépasse, petit sourire, petit baiser.
Au kiosque à journaux les nouvelles sont grises comme le temps, comme la vie mais après tout, tout ce qui est gris n’est pas maussade et, Mademoiselle rez-de-chaussée le sait bien elle, depuis ce jour, depuis ce temps où sa vie a basculée.
C’était il y a bien longtemps, dans un petit square aux fleurs parfumées, aux arbres colorés par l’automne, aux petits bancs verts de rendez-vous.
Tous les deux nous étions assis, blottis l’un contre l’autre regardant ces deux pigeons qui n’en finissaient pas de picoter des miettes de pain sur le macadam des promenades.
Et puis nous avons marché le long du grillage dans les allées qui bordent la voie ferrée. J’ai souri en lui montrant le panneau "Attention danger" car il était clair que d’ici, les projections de pierres, les arcs de fer électriques, ne pouvaient pas nous atteindre.
Et il y a eu ce grand vacarme et une grande et profonde lumière blanche.
Lorsque le voile s’est envolé, j’étais amputé des deux jambes.
Nous avons eu beaucoup de chance, ceux d’en bas sont morts, tristes victimes de fantomatiques tortionnaires.
Je tourne fort les roues, je dépasse encore Mademoiselle rez-de-chaussée.
Petit sourire...Sa tête est droite et ses yeux au bout de sa canne blanche.