Matthieu sort de son appartement et aperçoit Georgette qui rentre chez elle avec un panier dans une main, le pain dans l’autre. Elle pose son panier, prend ses clefs et essaie d’ouvrir sa porte et ne voit pas le jeune homme.
Matthieu - Bonjour Madame.
Georgette - Bonjour !
Matthieu ( en aparté) Pas très aimable, la dame. ( à Georgette) Excusez moi de vous importuner. Je suis nouveau ici, je ne connais pas tout. J’aimerai connaître les règles d’entretien dans l’immeuble. Vous pouvez sûrement me renseigner.
Georgette ( fouille de sa clef, sa serrure) - Les règles ? Elles sont écrites sur le panneau ... les règles. Je me demande pourquoi vous me dérangez. Vous n’avez qu’à lire.
Matthieu - Je ne voulais pas vous ennuyer, excusez moi.
Georgette se retourne. C’est son voleur qui est devant elle( enfin ce qu’elle croit).
Georgette - Monsieur, je vous ai vu dérober quelque chose dans le panier d’un passant, tout à l’heure.
Matthieu - ???
Georgette- Faites pas l’ignorant, je vous ai vu comme en ce moment.
Matthieu - Mais je ne suis pas sorti de chez moi ce matin. Je n’ai rien volé
Georgette ( un doigt devant sa bouche)- Chut, je sais mais je ne dirai rien.
Matthieu - Je vous dis Madame, que vous vous trompez. Vous êtes sourde, ma parole.
Georgette- Tss, tss, ne dites plus rien, je vous protège.
Matthieu - Me protéger de quoi ? Je n’ai rien fait, vous devriez racheter des lunettes.
Georgette( tenant la manche du pull de Matthieu) - Je sais qu’il ne faut rien dire ici. Tout le monde entend tout. On est espionné de partout. Ce matin encore, la voisine du dessus est venue fouiller chez moi mais je ne me suis pas laisser faire. Je l’ai jetée. Ah ! Ah ! Ah ! On ne me trompera pas. Papa m’a bien dit de me méfier.
Matthieu (mal à l’aise) - Vous m’énervez, à la fin. Je vous dis...
Georgette - Je sais, je sais. Je suis votre protectrice. Faites moi confiance .
Matthieu( essayant de se dégager ) - Madame, je me tue à vous dire que vous faîtes fausse route.
Georgette( s’accrochant de plus en plus) - Sur la route, vous vous rappelez maintenant. Oui sur la route, je vous ai suivi. Vous êtes tellement beau, vous avez les yeux de mon papa. Entrez, entrez, vous ferez sa connaissance.
Matthieu ( se débattant pour faire lâcher prise Georgette) Laissez moi, je vous ai dit que...
Georgette( essayant de le faire entrer chez elle) - Papa ne sera pas d’accord mais il faut que je fasse ma vie maintenant. Que je me marie et que j’ai des enfants.
Matthieu( criant et articulant pour se faire entendre) MADAME. Je vous dis que vous vous trompez.
Georgette - Chut, on pourrait nous entendre.
Matthieu ( aux abois) C’est ce que je veux, qu’on nous entende et que je m’en aille vite fait.
Monique , la voisine du dessus a saisi quelque chose de chez elle mais ne bouge pas. Elle descendrait bien mais encore choquée de sa visite à Madame Carret, elle n’ose pas, enfin ... pas encore. Cela va se calmer pense t-elle. Elle a toute confiance. Madame Carret ne se fera pas attaquer, elle agresserait plutôt se dit-elle en riant. Toute absorbée dans ses pensées, Monique entend un cri dans l’étage. Elle descend voir...