Dis, te souviens-tu de tous ces mots que nous ne disions pas mais que les oiseaux nous murmuraient dans les soupirs du vent ? La neige, les a emportés dans la tourmente de l’hiver, dans le silence d’un ciel de marbre. Des « je t’aime » ensanglantés qui chuchotent « aime-moi » lorsque la nuit dépose le rideau blanc de l’absence, lorsque mon amour éclate sous le poids du manque de toi. Des « toujours » évaporés, des « jamais » trop criants qui brisent mon cœur et mon âme, des regards qui se meurent à l’image d’un souvenir.
Dis, entends-tu la plainte des forêts, le gémissement des plaines quand les recouvre l’ombre de tes ailes mourantes ? La mer s’est retirée laissant derrière elle la grève nue et les rochers désemparés, privés à tout jamais de l’écume fumante aux langueurs de l’aube. Et le ciel revêt les teintes rougeoyantes augurant les plus sombres desseins d’un passé trop vivant consumant le présent si fragile.
Dis, seras-tu là demain quand mes mains trembleront de tant de solitude ? Sauras-tu réchauffer la glace de mon corps quand le temps aura terminé son ouvrage ?
Demain déjà, demain se lève dans le vide engourdi des rêves inachevés...